Louis XVI et la Révolution

Le 8 juillet 1783, Joseph (dit Simon) DAVIGO, (né en 1743) syndic des classes et des gens de mer accroît son bien. Il achète pour 2 400 livres des tenues au Sieur Piedevache de la Bourdelaye, lhéritier de Mme de Kermartin. L'acte de vente est passé par-devant un notaire royal, résidant à Lorient, sénéchaussée d'Hennebont. "Fut présent noble homme Mathurin François Piedevache, sieur de la Bourdelaye, employé aux devoirs, demeurant à Lorient, rue Fulvic, lequel par ces présentes a déclaré vendre, céder, quitter, délaisser et transporter pour toujours sans espoir de racquet, ... au sieur Joseph DAVIGO, syndic des classes... Savoir, fonds et propriété de quatre tenues à domaine (à domaine congéable) sises et situées au village de Kervedan, profitées par Jean-Joseph et Mathurin Penhouet, François Br..., Sébastien Allain, Laurent G..., Tudy V..., et Jean B...; un autre fond de tenue... des parcelles de terre de pareille nature, profitées par ledit D... sur lesquelles il est dû de rentes domaniales 15 minots de froment, 2 minots 1/4 d'avoine, 1/2 minot d'orge, 11 sols en argent, 2 poulets, et finalement, le sixième dans les biens consistant en la tierce gerbe et un rôle de rentes commun et indivis avec le sieur Audouyn échu au sieur Piedevache de succession d'écuyer Marc Mathurin Joannau... tous lesquels biens sont situés audit île de Groix, relevant roturièrement du fief du seigneur-prince de Guéméné et envers lui chargé de lots et rentes, quand le cas échoit (quand il y a vente de ces terres) et sur la totalité ou portion au seigneur prince (il est dû au seigneur prince) 4 minots 1/2 froment, pareille quantité avoine, 4 livres 2 sols en argent, et au sieur Du quartier, 1 minot froment, 1/4 pareille quantité d'avoine et 1 livre, 12 sols qui double tous les trois ans, et ce, sans autres rentes ou prestations", c'est-à-dire, sans corvées.

Dans les nombreuses ventes qui ont lieu, les difficultés de délimitation restent fréquentes. Il n'y a pas de bornage. Les témoignages sont utilisés quelquefois, mais très souvent, les gens qui pourraient témoigner n'existent plus. Les propriétaires en arrivent à égarer leurs propriétés ! Le procès suivant en fait foi. "4 juin . Extrait du registre du greffe de la juridiction de Lorient. Le sieur Jean Jacques O..., ancien capitaine de la marine de la Compagnie des Indes, agissant tant pour lui que pour ses consorts, GUYOMAR, avocat. /contre, Julien C... et Simon D... pour eux et consorts... LE LIVEC procureur, M. BARLÉE, avocat".

O... intente un procès à Simon D... à propos d'une tenue située à Lomener, appartenant à O... et pour lesquelles C... et Simon D... paient des redevances. Ni le propriétaire, ni les tenanciers ne savent où sont les terres de cette tenue de Lomener. O... assigne C... et Simon D... pour que ces derniers précisent la situation de la tenue. Dans sa défense, LeLivec dit que C... et D... ont fouillé dans les titres de propriété de 40 familles, qu'ils ont consulté la plus grande partie des habitants de l'île, sans trouver les indications voulues. LeLivec ajoute nombre de renseignements sur les redevances de la tenue, il dit que C... et D... paient pour elle : l'une rente à O... de 3 livres tournois.

2° Une rente d'un minot et un perau de froment foulé, 1 minot et un perau d'avoine foulée et comble et 2 livres en argent, au sieur Ducartier qui perçoit cette rente par les soins de Mademoiselle Pr... et qui la perçoit double toutes les troisièmes années.

3° Une dîme féodale d'un perau de froment foulé et d'un demi-minot d'avoine foulée et comble qui se paie à la dite Pr... comme fermière du seigneur-prince de Rohan et de Guéméné.

4° Une rente d'un demi-perau de froment foulé et d'un perau d'avoine foulée et comble, dont les O... et consorts paient annuellement la moitié.

5° Une fondation d'un minot froment au sieur recteur de l'île - une dîme ecclésiastique au même, d'un perau de froment et puis d'un 1/2 perau (une année 1 perau, l'année suivante 1/2 perau) dont le sieur O... et consorts supportent encore la moitié.

6° Enfin au sieur Granier une rente d'un perau de froment et de 5 sols 6 deniers, en argent qui s'élèvent toutes les trois années à 1 minot froment, 10 sols, 9 deniers. C... et D... doivent, pour cette tenue "suivre le destroit du moulin desdits, seigneurs fonciers (seigneurs pour propriétaires) et y faire les corvées ordinaires et extraordinaires requises, à la manière accoutumée".

le "Pyroscaphe", premier navire à vapeur de Jouffroy d'Abbans

En 1785, naissances de :

- Marie Anne LE GOURONC (GG-4.4b.1.5.1.4.1) le samedi 4 mai  à Groix, Locmaria. Elle est le premier enfant de Jean François LE GOURONC, pêcheur à locmaria, âgé de 35 ans, et d'Anne (Marie) TONNERRE, âgée de 29 ans. Elle sera cultivatrice.

- Marie Anne GOURONC (GG -4.4b.1.5.5.3a.1) le lundi 27 juin à Créhal de Groix. Elle est le premier enfant de Noel, marin, âgé de 28 ans, et de Jeanne JEGO, âgée de 24 ans.

- Ursule Renée UZEL (101), le 30 juin, fille de Gildas (202) et de Marie TRISTAN (203). C'est leur cinquième enfant.

- François NOEL (222), le 21 juin, fils légitime de Gildas (444) et de Florence LE DREFF (445). C'est leur premier enfant.

18 mariages sont célébrés à Groix dans l'année.

Le 14 avril, installation de la 3ème compagnie des Indes dite de Calonne, avec un privilège de monopole pour 7 ans au-delà des "Îles Mascareignes". Elle exerce son activité jusqu'à la moitié de l'année 1793. 45 départs et 43 retours. À la fin du siècle, la France occupe la seconde place pour sa marine commerciale (5 300 navires pour 730 000 tx - 135 tx de moyenne) derrière l'Angleterre (qui elle dispose de 9 000 navires pour 1,2 million de tx - idem en moyenne).

A Brest le 1er août, J.F. de Galaup de Lapérouse (né près d'Albi en 1741) à la tête de 2 flûtes, la "Boussole", 109 hommes et "L'Astrolabe", 113 hommes, commandée par Fleuriot, appareille vers l'Ile de Pâques (avril 1786) par le Cap Horn, Hawaï (28 mai), Port des français- Alaska (4 juillet) Monterrey (15 septembre), Macao (3 janvier 1787) Manille (Février) Kamchatka (début septembre) Iles Tonga (décembre) Australie (janvier 1788). En juin 1788 lors d'un cyclone (?) les deux navires disparaissent corps et biens auprès de l'île Vanikoro.

La campagne de pêche à la sardine occupe plus de 430 hommes, le rôle d'armement de chaque chaloupe est enregistré à L'orient, par le commissaire de classe, qui reconnaît ainsi durant la saison (1 juillet au 30 octobre) dégager les hommes de leurs obligations vis-à-vis de la marine du Roy. on remarquera la formule, c'est le commissaire qui met les hommes portés sur le rôle à la disposition du maître de chaloupe.

Monsieur Le Jeune, commissaire aux Classes de la Marine, au Département de L'Orient établit les rôles d'armement à la pêche pour la saison 1785.

" Groix, le 19 xbre (19 décembre 1785)

Monsieur, Je vous fais passer la liste des maitres de Chaloupe que vous me demandez. J'y ay joins la quantites de sardine et le pris de chaque (illisible). Je voudrais poiuvoir vous donner plus declercissemens sur cette article. Je appris aujourd'huy que le nommée pierre baron un des matelot de la levée pour le paquebot est malade chez son hotesse (?) et que sa famille la conseiller de faire le malade jusqu'à que le paquebot ne sois dehors. Le recteur vous fait des assurances de respect et moi qui a l'honneur d'etre, Monsieur, votre très umble et tres obeissans serviteur - J . Davigo" (sic)

On voit que Joseph Davigo dénonce au passage ses petits camarades.

Empereur Gia Long

Quelques jours après la mort, le dimanche 1er juin 1788, de Marie PENHOET, à l'âge de 57 ans et de son mari, Jacques François LE GOURONC, le lundi 9 juin, à l'âge de 62 ans, on pose la 1ère pierre de la nouvelle église, le 29 juin, en présence de Noble Maître Louis François LE GALLIC de Kerizouêt, avocat au Parlement, représentant le prince de Rohan de Guéméné dont il était le procureur fiscal, de la construction par l'architecte entrepreneur Brégeon d'une nouvelle église, entreprise sur les instances du Recteur LAUDRAIN, (l'église actuelle du bourg maintes fois remaniée car telle qu'elle apparaît), particulièrement cette tour supportant le clocher qui date de l'origine et qui émerge à peine de la toiture. Les travaux s'achevèrent au mois d'août 1789. Les ouvriers doivent être de Groix. Il y a des maçons, des charpentiers, par exemple "Paul Esprit Le D... maître menuisier demeurant au bourg paroissial de St-Tudy". (acte du 3 octobre 1788, signé Lestrohan, notaire royal au Port-Louis.)

Elle remplaçait l'église Saint-Tudy relevé par l'État en 1682, eu égard aux difficultés auxquelles était confrontée la population, et dont on refit, en 1758, toute la longère nord. Son triste état, en 1788, obligea la Fabrique à s'adresser à toutes les autorités, du prince de Guéméné, seigneur-fondateur de l'église, au supérieur de l'Oratoire, grand décimateur. Le conseil de fabrique réunit ses propres fonds et contracta pour le reste des emprunts.

La Révolution allait l'utiliser en guise de caserne et la dépouiller de tout son mobilier. Il faudra la ténacité des recteurs dans la première moitié du XIX° siècle pour qu'elle retrouve un aménagement intérieur décent : ses statues, ND du Bon secours, St-Tudy et St Pierre, dues au sculpteur lorientais Bara, les autels, la chaire, les confessionnaux, la boiserie du chœur et la grande tribune de la ne.

Au milieu du XIX° siècle, les murs de l'édifice s'étant dangereusement écartés et la toiture s'affaissant de jour en jour, les fidèles allaient entendre la messe dans les autres sanctuaires. Le conseil de Fabrique décida en 1847 de le restaurer. Mais le manque d'argent, l'absence de réponse du gouvernement à qui avaient été adressées à plusieurs reprises des demandes de secours, l'insécurité d'une époque trouble qui se délita dans la révolution de février, entraînèrent des retards et les travaux, commencés en 1849, ne s'achevèrent qu'en 1850. Ce fut une rénovation complète avec réédification du transept, du chœur et de la sacristie.

Le 8 août 1788, Louis XVI convoque les États Généraux pour le 1er mai 1789

Thomas LE GOURONC (96) est né le mardi 9 décembre à Groix, Locmaria. Il est le 3ème enfant de Jean François, pêcheur à locmaria, âgé de 38 ans, et d'Anne (Marie) TONNERRE, âgée de 33 ans. Il est baptisé le même jour à Groix par Jean RIO, curé qui signe seul. Ses parrain et marraine sont Thomas STEPHAN et Marie Anne LE METAYOUR. Il sera marin, à Locmaria. Sa mère meurt alors qu'il a 16 ans, le 13 mai 1805.

Parmi les 22 mariages célébrés à Groix dans l'année :

- Jacques LE GOURONG (GG-4.4b.1.5.1.9), marin, né en 1764 à Groix, fils du défunt Jacques, marin, et de Claude J(e)anne NO(U)EL, épouse Jeanne Anne NOEL, la fille de Claude et de Marie LE BEVEN, le mardi 18 novembre à Groix. Il est alors âgé de 24 ans. Elle a 23 ans. Ce couple aura 7 enfants: Anne (GG-4.4b.1.5.1.9.1) qui meurt le 11 février 1795 à l'âge de 5 ans - Renée (GG-4.4b.1.5.1.9.2) - Renée (GG-4.4b.1.5.1.9.3) - Jean Louis (GG-4.4b.1.5.1.9.4) - Joseph (GG-4.4b.1.5.1.9.5) qui meurt le 28 septembre 1798 à l'âge de 2 ans - Marie Mauricette (GG-4.4b.1.5.1.9.6) et Pierre (GG-4.4b.1.5.1.9.7)

- le même jour Laurent TONNER (GG-4.4b.4.6.1c.3) né en 1762, fils de Jean et de Marguerite LE BIHAN épouse Magdeleine UZEL, la fille de Pierre et d'Anne YVON, le mardi 18 novembre à Groix. Il est alors âgé de 26 ans. Elle a 28 ans. Ce couple aura 2 enfants: Marie Anne (GG-4.4b.4.6.1c.3.1) et Placide (GG-4.4b.4.6.1c.3.2).

- toujours le même jour, Anselme VIQUELLO (GG-4.4b.1.1.1.2.2) né en 1762, fils de Joseph Antoine, et de Marie Magdeleine TONNER, épouse Marie Jacquette LE BEVEN, fille de Jean et d'Anne LE DREFF, le mardi 18 novembre à Groix. Il est alors âgé de 26 ans. Elle a 28 ans. Ce couple aura un enfant vivant: Barbe Vincente (GG-4.4b.1.1.1.2.2.1)

assemblée constituante de 1789

serment du "Jeu de Paume" 20 juin 1789

En février 1790 est nommé (ou élu ?) le premier "Agent national" (maire) de Groix, il s'agit de Joseph Simon DAVIGO, le fils de Joseph et de Marie YVON, le frère de Jacques qui fut recteur de 1778 à 1786. Il est né le 30 juillet 1743 au bourg de loctudy, il a donc 46 ans, il est marin, maître de chaloupe et syndic des classes (gens de mer) depuis 1779/1780. Il avait été délégué à la rédaction des cahiers de doléances en 1788. Il occupera cette fonction jusqu'à la fin de l'année 1791.

Parmi les 11 mariages célébrés dans l'année à Groix,

-Paul "Marie" Joseph EVEN (GG-4.6b.1.4.4.2), né en 1766, fils de "Jean" Jacques, marin, et de Jeanne Marie GUILLO(AUME). Paul "Marie" Joseph est leur second enfant, épouse Marie Joseph MAGADO, la fille de Pierre et de Marie Catherine LANCO, le mardi 23 novembre à Groix. Il est alors âgé de 24 ans. Elle a 26 ans. Ce couple aura 3 enfants : Pierre Marie (GG-4.6b.1.4.4.2.1) - Marie Joseph (GG-4.6b.1.4.4.2.2) et Jean Jacques Emmanuel (GG-4.6b.1.4.4.2.3)

Paul "Marie" Joseph EVEN meurt le vendredi 20 septembre 1811 à en mer, au large de la pointe de Trévignon à plus de 42 ans.

Le décret du 3 avril déclare le commerce libre pour tous les Français et supprime toutes les compagnies de commerce.

Comme dans de nombreuses paroisses de France, la Révolution est bien accueillie à Groix. Les deux délégués, Joseph DAVIGO et Guénaël STEPHAN, chargés avec les 170 autres délégués, de rédiger le Cahier de Doléances, ne sont sans doute pas étrangers aux 37 articles, sur les 182 que compte le cahier, concernant le monde maritime, particulièrement de l'article 116 qui réclame la construction d'une tour à phare et d'un port de relâche dans l'île.