Après une période d'instabilité et d'insécurité (IIIème et IVème siècle), les bretons s'installent en Armorique (Vème siècle) et développe la christianisation de la région (VIème siècle). S'installe alors une période d'affrontements entre les bretons et les francs au VIIème siècle (VIIIème siècle), suivie par les attaques répétées des vikings, (IXème et Xème siècle), l'île de Groix semble utilisée comme une base arrière. En tous cas la sépulture d'un chef a été découverte sur l'île. Après cette longue période de dévastation, la Bretagne connaît, à partir de l'an mille, une ère nouvelle: repeuplement, remise en état des monastères et abbayes détruits et élaboration de son système féodal. Certains signes dénotent une certaine activité commerciale (XIème siècle). L'île sous l'impulsion de l'église se développe et s'inscrit dans les réseaux commerciaux du cabotage (XIIème siècle). Ce développement se poursuit (XIIIème siècle), malgré le démembrement de l'île entre deux seigneurs.
VIème siècle.
Saint-Tudy vient-il (peut-être?) mourir à Groix après sa traversée d'lrlande ? Qui était-il donc ? Même les plus zélés sont obligés d'avouer leur quasi-ignorance. Et le peu que nous savons est souvent contradictoire. Les uns affirment qu'il s'agit d'un moine écossais à qui St Cotentin, aurait en même temps qu'à St Guénolé accordé l'investiture abbatiale. En Cornouaille britannique, une importante paroisse est placée sous son patronage. D'autres ont vu dans Tudy la forme latinisée de Tugdual. D'autres avancent qu'il était, avec St Bothmaël, disciple de St Maudez, à Tréguier, région qu'il abandonna afin de fonder le grand monastère de Loc-Tudi en Cornouaille bretonne. Il aurait abordé, on ne sait quand, à Groix, où il établit un nouvel ermitage. Tudy a-t-il fini ses jours dans l'île ? Il n'y serait pas resté très longtemps, selon le recteur Le Livec. Son culte, en dehors de Groix où il est considéré comme le "Saint Patron" de l'île, est attesté dans toute la Bretagne.
Un autre saint célébré à Groix, Saint Gunthiern, aurait abordé l'île, fuyant les envahisseurs saxons. Comme pour la plupart des moines venus d'outre-Manche, Gunthiern eut sa vie écrite bien longtemps après sa mort. Un Breton, Juthaël, selon le cartulaire de Ste-Croix de Quimperlé la copia pour la 1ère fois sur une feuille de parchemin usée par le temps et conservée dans le trésor de l'église abbatiale. C'est dire les précautions à prendre avec la relation de la vie de St Gunthiern. Son passage à Groix, s'il a eu lieu, comme d'ailleurs celui de Tudy, voire de Guénaël ou de Gildas, se situe dans le mouvement de la grande émigration bretonne. Outre les raisons précédemment exposées, la surpopulation à laquelle il faut ajouter une dimension spirituelle, où se mêlent volonté de partir, besoin d'isolement, les dispositions pour l'exil volontaire, le dépaysement au service du Christ, le souci d'évangélisation et enfin le goût de l'aventure, ont été aussi des motivations fortes. L'île, alors, est pour les ermites, une transposition du désert, propice à la prière, à la contemplation et à la réflexion spirituelle. Fils d'un roi de l'île de Bretagne, Gunthiern, (ou Gouziern), serait né en Cambrie, (pays de Galles), au milieu du VIème siècle, époque où les guerres civiles font rage.
Saint Tudy à Ile Tudy
Devenu un valeureux guerrier, au soir d'une terrible bataille qui oppose son clan à celui du mari de sa sœur, il bande son arc et décroche une flèche à un ennemi. Au moment où il se penche sur le cadavre de sa victime pour le dépouiller, il découvre son neveu auquel il était lié d'une solide amitié. Fou de douleur, il envisage de se donner la mort, mais sa foi lui dicte de se retirer du monde. Il s'isole dans un endroit quasiment inaccessible, qui porte de nos jours encore, au Pays de Galles, le nom de "Nant y Gwrtheyrn", la vallée de Gunthiern. Là, il vit dans un ascétisme profond. On le croit mort lorsqu'un chasseur le découvre et avertit son père. Malgré les supplications de ce dernier, Gunthiern souhaite poursuivre une vie d'expiation. Il accepte, pour seule concession, la présence de 2 officiers qui partageront son existence austère. Gunthiern décide de passer la mer afin de rejoindre ses compatriotes émigrés qui ont trouvé une terre de paix. Sur les rivages sud, la toute jeune Ninnoc, sa cousine, a fondé le prieuré de "Tarin Nennec" sur les terres de la paroisse de Ploemeur, où elle accueille les réfugiés de son pays.
Gunthiern atterrit sur Groix (?) qui dresse ses rivages protecteurs au large du prieuré de Ninnoc. La solitude du lieu le séduit et décide d'y vivre, connu seulement des pêcheurs du littoral qui le visitent, sollicitant ses conseils, et son réconfort. Ses vertus finissent par être entendues par le souverain de Cornouaille, Gradlon, qui invite l'anachorète. Le roi est tellement édifié par les qualités de l'ermite qu'il lui donne la terre d'Anaurot, au confluent des rivières de l'Isole et de l'Ellé. Là, Gunthiern et ses compagnons vont élever des huttes qui formeront le village d'où naîtront les fondements de Quimperlé. De toute la Bretagne, on vient chercher, au monastère d'Anaurot, paix, joie et bonheur. La réputation de l'ascète est à l'origine, de l'arrivée de Gudual, Cado et Cadour, envoyés par le comte Waroc'h qui règne sur Vannes, dévasté par une invasion de vers blancs. La famine sévit et l'aide de Gunthiern est sollicitée.
Il remet aux envoyés de l'eau bénite en leur demandant d'en asperger toutes les campagnes. Les vers sont foudroyés et le pays sauvé. En reconnaissance, Waroc'h offre au solitaire une terre située sur la rive gauche du Blavet et portant le nom de Venac. C'est là qu'il meurt (?), un «29 juin ?» à la fin du Vlème siècle, sur le territoire de Kervignac dans cette grotte qui lui servit de refuge et où une petite chapelle placée sous sa protection existe encore. Son corps fut transféré au monastère de Quimperlé où il demeurera jusqu'aux invasions normandes du Xème siècle avant d'être caché. Ces reliques furent redécouvertes en 1066 à Groix (?) et transférées dans l'enceinte d'un monastère, édifié au lieu primitif d'Anaurot, sur les ordres du comte de Cornouaille, Alain Canhiart. Le 1er prieur de l'abbaye Ste-Croix de Quimperlé, St Gurloès ou Urlo, nommé le 14 septembre 1029, eut la garde des reliques de St Gunthiern fort adorées des chefs bretons qui viennent réclamer l'exaucement de leurs vœux. Puis son souvenir s'efface. Cependant les populations maritimes du nord du pays de Vannes et du sud de celui de Cornouaille continueront à le vénérer; tout particulièrement à l'île de Groix où, jusqu'à 1790, tous les mardis, on disait la messe dans la petite chapelle située à 150 mètres au sud du village de Kerohet. Le prieuré de St Gunthiern fut vendu comme bien national à la famille Proteau. Beaucoup conserveront, le souvenir du lieu où séjourna Gunthiern et dont on sauva une magnifique statue, aujourd'hui à la chapelle du Méné, seul témoin de son passage à l'île de Groix au Vlème siècle. Son culte fut florissant et il n'est pas déraisonnable d'en voir aussi une survivance dans cette bénédiction des Courreaux, attribuée, à tort peut-être, à St Gildas. Gunthiern bénissait sûrement la mer afin de la remercier de sa fécondité et d'en implorer sa clémence.
<<< Saint Gunthiern (Chapelle N.D. de Placemanec - Locmaria)
Les Groisillons honoraient aussi le souvenir de Guénaël, né à Lanrivoaré, de parents bretons, qui suivit, encore enfant, le fondateur de l'abbaye de Landévennec, Gwennolé qu'il remplaça à sa mort. Mais, après 7 ans de gouvernement, il démissionna; son goût des voyages le conduira à visiter, plus de 30 ans durant les îles où il fonda de nombreux monastères. La légende raconte qu'il rentra de ces pérégrinations sur une barque d'osier avec laquelle il aborda l'île de Groix. C'était autour de 575. Rencontre-t-il Gunthiern ? Guénaël demeure plusieurs années dans l'île, mais l'âge l'oblige à prendre quelque repos. Il quitte Groix et s'arrête sur une langue de terre de la rive droite du Blavet, il bâtit un dernier monastère. Lors d'une chasse, il empêche les chiens du comte Waroc'h d'achever un cerf. C'est en cet ermitage, protégé désormais par le comte, que Guénaël meurt, bien qu'il ait été écrit que ce fut en l'île de Groix, après avoir nommé son successeur et ordonné qu'à chaque anniversaire de sa mort soit servi un festin à toute la communauté. Le monastère prit une grande importance au VIIème siècle, avant d'entrer en décadence à la fin du VIIIème. C'est Nominoë qui remit le culte de Saint Guénaël à l'honneur en reconstruisant et en étendant le monastère qui sera détruit par les Normands. À la fin des raids, on releva les murs de la chapelle, à l'origine de la naissance du village de Saint-Guénaël, aujourd'hui, à ce même endroit.
Groix vivait donc sous la direction d'un clergé monacal. Ces moines étaient à la fois directeurs de conscience et meneurs d'hommes. Eux-mêmes, maçons, charpentiers, paysans, ils n'hésitaient pas à donner l'exemple, qui allait permettre, à ces communautés, de connaître un développement rapide en intégrant de plus en plus de laïcs. Que se passa-t-il lors du départ (ou de la mort) des fondateurs ? L'île fut-elle abandonnée ? L'absence totale de patronymes en "trebs" ou en "plou" peut donner à le penser. La Bretagne, des VIIème et VIIIème siècles, est peu peuplée, environ 300 000 habitants dont la majorité semble se concentrer en Haute-Bretagne. Les hommes choisissent de vivre, là où les conditions sont les plus favorables, dans des régions littorales certes, mises en valeur depuis le Bronze mais pas nécessairement au bord des rivages qui offrent peu d'abris. À l'exception de quelques grottes, Groix présente peu de sites favorables à des établissements conséquents; pas de possibilité d'établir des pêcheries, pas de marais salants à exploiter, pas de rivières au débit important, pas de minerai à extraire.
Alors que l'estuaire du Blavet paraît assez densément peuplé, il ne serait pas étonnant que Groix ait été désertée.
Les paroisses de l'époque ne sont pas des agglomérations rurales mais des structures éclatées en multiples cellules agricoles désignées par le "trebs" (un mot qui sera abandonné après l'an mille au profit des "loc" et des "ker"). Si l'île est peuplée, ce ne peut-être que sous une forme rudimentaire. Le monarchisme insulaire, comme en témoigne le cartulaire de Redon, est encore d'actualité. Il vit en dehors du pouvoir épiscopal plus intéressé par le suivi de ses relations, comme le prouve celui du Vannetais, avec la puissance mérovingienne. En témoigne le culte de saints mérovingiens dans le Comté de Vannes comme St Philibert ou St Éloi. L'atteste aussi l'existence d'un St Émilion, originaire du vannetais, qui au Vlllème siècle, voulant se rendre à Compostelle, s'arrête en Aquitaine. On connaît la suite de l'histoire. Comme on ne sait où il est exactement né, on peut toujours avancer qu'il vit le jour à l'île de Groix. Installé dans le Bordelais, convaincu des bienfaits du jus de la treille pour la santé, il en fit expédier vers sa terre d'origine. Une coutume qui se perpétua jusqu'au milieu du XXème où les Jégo (cousins de Maurice Gourong) continuaient à recevoir des vins de Bordeaux.
VIIème siècle
Au début du siècle, les rois mérovingiens sont très affaiblis. Les Bretons en profitent pour se rendre de plus en plus indépendants et pour attaquer les Francs. Ainsi, vers 630, les Bretons de Domnonée inquiètent Dagobert (629-639), qui envoie son conseiller Éloi, auprès de leur roi Judicaël. Quelque temps plus tard, en 636, celui-ci accepte de se rendre à la cour de Dagobert, près de Paris. Mais on ne sait si cette démarche correspond à un acte de soumission ou à la conclusion d'un traité d'alliance. (Deux ans après Judicael renonce à son. trône et devient moine)
<<< Judicael
VIIIème siècle
En 751 commence une période de conflits entre les Bretons et les Francs, notamment les Carolingiens.
Expéditions de Pépin le Bref en 753.
Expédition de Charlemagne en 786, 798, 801. Mais dès la mort de l'empereur, les révoltes recommencèrent, conduites par les valeureux MORVAN et GUYONVARC'H.
Expédition de Louis le Pieux, ou le Débonnaire, en 818, 824. Elle s'achève en 831, lorsque Louis 1er le Débonnaire nomme un noble vannetais, Nominoë (820?-851), "princeps Veneticae civitatis", à la tête de la Bretagne. Cet aristocrate breton va très vite tirer profit de la mort de son protecteur, en 840.
A l'avènement de Charles le Chauve, Nominoé s'estima délié de son serment. Ce fut la guerre. Nominoé la termina victorieusement à Ballon, près de Bains-sur-Oust, où les Francs furent écrasés (845). Nominoé étendit sa domination sur les pays de Rennes et de Nantes. Pendant une dizaine d'années, il gouverna la Bretagne en maître. Il n'hésita même pas, pour soustraire les évêques bretons à l'obédience de l'archevêque franc de Tours, à proclamer Dol métropole religieuse de la Bretagne.
Nominoé fut le fondateur de la monarchie et de l'unité bretonnes. Il fixa pour des siècles le destin de la Bretagne dont il est le héros national par excellence. >>>>>
Peut-être entretenait-il un dessein plus vaste ? Sa marche conquérante fut arrêtée à Vendôme où il mourut le 7 mars 851.
Ainsi la Bretagne commence à former une principauté héréditaire et les Capétiens réussissent à en faire un des grands fiefs français, l'influence française faisant reculer, par contre, la langue bretonne dans la partie ouest du duché (Basse-Bretagne).
|
|