Bataille de Lépante (1571)
Siège de La Rochelle (1573)
Un acte (en héritage) daté du 1er février 1581, et passé devant le notaire de "La Roche-Moysan", nous apprend que, Tudy LE TALLEC et Louise LE DONIOU se partagent une maison à 2 étages (RDC et un étage) au bourg de Loctudy à Groix. Cette même année un autre acte notarié nous apprend l'existence d'une Guillemette LE GOUZRONC résidant au bourg de Loctudy, à Groix.
La Bretagne reste peu concernée par les mouvements de la Ligue. Henri III nomme, en 1582, son beau-frère, le duc de Mercoeur, gouverneur de Bretagne. Philippe Emmanuel de Lorraine, duc de Mercoeur, était un catholique convaincu mais d'un naturel retors.
Défaite de "l'Invincible Armada" en 1588, la puissance navale de l'Espagne de Philippe II est réduite, mais cela ne bénéficie qu'à l'Angleterre. Après l'assassinat d'Henri de Guise cette même année et celui d'Henri III en 1589, les tensions étaient à leur paroxysme. Henri III n'ayant pas d'enfants, son héritier légitime était Henri de Navarre, protestant, qui de fait devint roi de France, sous le nom d'Henri IV. Les Ligueurs excluaient a priori du pouvoir tout prince non catholique et resserraient leurs rangs qui comportaient plusieurs candidats au trône. D'autres convoitises se faisaient jour telles celles de Philippe Il, roi d'Espagne. Il réclamait pour sa fille, l'Infante Isabelle, le trône de France et le duché de Bretagne, arguant du fait qu'Isabelle était petite-fille d'Henri II, lui-même petit-fils d'Anne de Bretagne.
Vers 1590, mariage de Gervais LE GOUZRONC. Nous ne connaissons malheureusement pas le nom de son épouse. Rapidement naît un premier fils, J(e)an LE GOURRONC (GG-1). Ils auront au moins 6 enfants.
Dès leur arrivée à Port-Blavet (ancien nom de Port-Louis), conscients de la valeur stratégique exceptionnelle de ce site, les Espagnols y mènent une armée de 6 000 hommes, sous le commandement de Don Juan del Aguila entreprennent la construction du "Fort de l'aigle". Les travaux sont confiés à l'ingénieur Cristobal de Rojas. Les anciennes fortifications du front de terre furent rapidement remises en état, doublées et complétées par une forteresse, le fuerto del Aguila (le fort de l'Aigle), occupant l'emplacement de l'actuelle citadelle. Le "Fuerte" allait former la base d'un monument maintes fois remanié, agrandi, modifié.
Jérôme d'Arradon qui s'était vu confier par Mercoeur le commandement d'Hennebont et de Blavet réalisa vite que les Espagnols se conduisaient en conquérants et ne reconnaissaient pas d'autre autorité que celle de leur roi, Philippe II.
Vers 1590, naissance à Groix de Jullien LE MILLOCH, fils de Bonnaventure LE MILLOCH et de Stéphenne ADAM. Il sera vicaire perpétuel de Groix.
A la même époque, naissance à Groix de Jacques LE NOZEOU, fils de Jacques LE NOZEOU et de Béatrice MULLEZ. Il sera prêtre à Groix puis vicaire perpétuel en 1623.
Vers 1592, naissance à Groix du 2ème enfant de Gervais: Hervé LE GOUZRONC (GG-2).
Entrée d'Henri IV à Paris
Fort heureusement, le 2 mai 1598, le traité de Vervins mettant fin aux hostilités entre la France et l'Espagne, elle oblige les Espagnols à restituer la ville de Port Blavet permettait aux Blavetins de faire l'économie d'un siège et à Henri IV de recevoir une place forte sans coup férir. Mercoeur se soumettait enfin au roi qui scellait ce geste par le mariage de César de Vendôme (fils naturel mais reconnu qu'il avait eu de Gabrielle d'Estrées) avec Françoise de Lorraine, fille du duc de Mercoeur. Le duc remettait le gouvernement de Bretagne entre les mains du roi, en faveur de César.
Une ère de paix semblait débuter. Henri IV donna l'ordre au Maréchal de Brissac de démanteler le fort de l'Aigle. Par ailleurs une clause de ce traité autorise les Français à s'installer sur les territoires situés au-dessus du 40 de latitude nord.
Vers 1599 naît, à Groix, le 5ème enfant de Gervais: Marye LE GOUZRONC (GG - 5).
À la fin du siècle, Jacques de KRINAULT, grand propriétaire foncier de l'île, notamment de la seigneurie de Kervédan, qui réside maintenant à Caudan, vend les biens qu'il possédait sur l'île. Évidemment YVON achète:
"Par la cour de la Roche Moissan, devant nous, soussignés, notaires royaux, ont comparu, en leurs personnes, noble homme François de Krinault, demeurant au village de ???, paroisse de Caudan, d'une part, et honorable homme Lorand YVON, demeurant au bourg de Loctudy, en l'Isle de Groix, d'autre part. De Krinault vend à L. Yvon, "des terres situées au village de Kerlard, tenues à domaine congéable sous de Krinault, par Jacob... ?, demeurant au village de Kerlard, pour lui en payer de convenant, par chaque an, au terme de la Saint-Gilles, par argent, le nombre de 16 sols tournois, par froment, un minot de froment rouge, mesure comble, autant d'avoine et corvées..."
La famille Yvon, puissante au XVIIème siècle, voit sa fortune grandir de jour en jour, ses membres sont déjà qualifiés d'honorables, titre enviable et fort recherché. On aime tant à avoir un titre quelconque pour ne pas être confondu avec les manants, dont on est issu ! Les notaires, psychologues sans le savoir, n'oublient point dans leurs grimoires, d'accorder à chacun tout ce qui lui est dû, d'honneurs au moins. Le seigneur-gentilhomme est «haut seigneur»; le seigneur obscur est «noble homme»; le roturier en mal de noblesse, figure comme «sieur de»; les roturiers aisés sont, ainsi que les YVON, gratifiés d' «honorables»; les ecclésiastiques s'intitulent par eux-mêmes «messires».
Le commerce breton et la vie urbaine ont connu au cours de ce siècle et continueront à connaître jusqu'au XVIIIème siècle, la prospérité. À cette époque l'île déjà très cultivée et l'on compte de nombreux hameaux. Elle est habitée vers 1600, par des religieux, quelques roturiers relativement riches et des travailleurs de condition fort médiocre. Quelques hommes de la glèbe, qui ont pu amasser des économies par leur travail, ou par la gestion de biens dont ils sont chargés, achètent ou afferment les terres seigneuriales. Le prince de Rohan est le propriétaire, le seigneur de l'île, mais il n'y possède pas d'habitation, il n'y paraît jamais, il n'y cultive pas directement ses domaines. Il afferme ou vend les terres qui n'ont pas été données aux moines, ou qui n'ont pas encore été cédées. Sur ces terres, le prince a des droits de redevances. (voir persistance de la féodalité)
pierre à mesurer la dîme, plusieurs tailles en fonction des produits
Aux origines certaines des "LE GOUZRONC"
Naissance probable à Groix, aux environs de 1565, de Gervais LE GOUZRONC (12 288), les noms et prénoms de ses parents ne sont pas connus, ni leurs origines. Sont-ils installés à Groix depuis longtemps ? Sont-ils issus d'une branche installée à Port-Louis ? Ou l'inverse ? C'est en tout cas le premier ancêtre connu et certain d'Enguerrand. Il n'est pas personnellement mentionné dans le "Rolle de la Dixme à la Charrette" de 1603, mais il est peut-être inclus dans le "consort de Pezron LE GOUZRONC de Locqueltas", ce qui peut laisser imaginer que Pezron (24 576) est le père de Gervais (cela reste une hypothèse à vérifier).
C'est une époque pleine de soubresauts. En 1571 a lieu la grande bataille maritime de Lépante. Venise, sous l'impulsion de Cristoforo Da Canal, cherche à adapter sa flotte de galères à la défense de ce qui lui restait d'empire contre une piraterie croissante et un nouvel ennemi, la flotte turque. Les marines atlantiques viennent en renfort et franchissent en force le détroit de Gibraltar, si bien que cette bataille fut le dernier affrontement collectif entre la Chrétienté et l'Islam. Par ailleurs la chrétienté s'affronte aussi.
L'année suivante le 23 août 1572 à lieu le massacre de la St Barthélemy. Quelques mois après, en 1573, les Blavétins se distinguent en équipant spontanément, et à leurs frais, une flottille qui se porte au secours des troupes royales qui assiègent La Rochelle. En effet, après la St Barthélemy, les "Huguenots" se sont retranchés dans La Rochelle et se battent avec l'énergie du désespoir. Lorsque le duc d'Anjou, qui commande les troupes royales sous La Rochelle, devint le roi de France (Henri III en 1574), il se souvint de ce geste et, en 1575, il accorda en remerciements à Blavet le "privilège du Papegaut".
La codification de la "coutume bretonne", en partie rédigée par Bertrand d'Argenté, est adoptée en 1580.
Alors que la Bretagne est toujours épargnée par les guerres de religion, le duc de Mercœur, profitant de l'affrontement entre La Ligue et les Royalistes, prend le parti des premiers et entre en révolte contre Henri IV. Une guerre civile confuse où règnent pillages, règlements de compte, brigandage, où des régions entières sont mises en coupe réglée, déchire de 1589 à 1598 la Bretagne.
Alors que le gouverneur de Bretagne est soutenu par un clergé qui enflamme les villes et les campagnes, Rennes et son Parlement, mais aussi Brest, Tréguier et Blavet (Port-Louis) demeurent fidèles au roi Henri IV. Mercœur fait appel à l'Espagne qui cherche à profiter des désordres en France avec l'espoir d'obtenir la couronne pour sa fille. Les Blavétins, attachés à la cause royale, repoussèrent les sollicitations des Ligueurs, notamment celles de Jérôme d'Arradon, commandant la place d'Hennebont et ils accueillirent dans leur ville le seigneur de Coëtcourson, partisan d'Henri IV. Le duc de Mercoeur vint en personne attaquer Blavet. Ses troupes s'épuisaient en vain sur le retranchement qui fermait l'isthme, de Locmalo au Driasker (la Vieille Tranchée). Toute la population participait héroïquement à la défense de la ville. En octobre 1590, les Espagnols débarquent à St Nazaire, se dirigent sur les conseils de Mercoeur vers Blavet et prennent Hennebont. C'est alors que trois ou quatre vaisseaux débarquèrent des soldats du parti de Mercoeur dans la ville assiégée. Les habitants, taillés en pièces, sans considération d'âge ni de sexe, se trouvaient dans l'impossibilité de fuir, n'ayant le choix qu'entre le fil de l'épée ou la noyade. La guerze (complainte de l'époque) de Locpéran a gardé le souvenir de ce carnage. Mercoeur fit incendier ce qui restait de la ville (seule la nouvelle église Saint-Pierre échappa aux flammes) puis il offrit la place ruinée aux Espagnols avec qui il avait partie liée. Henri IV, de son côté, fait appel aux Anglais et une armée de 2 400 hommes débarque à Paimpol.
procession "guerrière" de la "Sainte Ligue"
Après un renoncement du bout des lèvres, "Paris vaut bien une messe", Henri IV accède effectivement au trône en mars 1594.
Pour les Blavétins, l'occupation espagnole de 1590 à 1598 fût une bien sombre période: actes de piraterie, pillage et incendie des fermes, sévices sur les habitants. Durant ce temps, Henri IV poursuivait la laborieuse conquête de son royaume. Ses succès militaires et sa récente conversion provoquaient le ralliement à sa cause d'un certain nombre de Ligueurs dont la famille d'Arradon. Il envisageait d'attaquer les Espagnols retranchés dans Blavet et avait confié cette tâche au maréchal de Brissac.
Groix vivait, sans aucun doute, sous la botte de la soldatesque espagnole. Mais, il est peu probable que certains y ayant élu domicile après la fin des hostilités et y aient fait souche. Explications pour certains des noms en "o" comme Jégo, Frollo, Magado, Rio, Davigo. Nous le verrons en nous intéressant à la patronymie de l'île que ces noms sont typiquement bretons.
Vers 1594 naît, à Groix, le 3ème enfant de Gervais, il prend le même prénom que son père: Gervais LE GOUZRONC (GG-3).
Vers 1596 naît, à Groix, le 4ème enfant de Gervais: Louan (ou Yves) LE GOUZRONC (GG4/6 144).
1597 ? Un LE GOURONC est notaire royal, il signe des actes de vente à Groix (à vérifier).
Traité de Vervins entre Henri IV et Philippe II d'Espagne
coupe en étain pour mesurer la dîme
L'église a aussi droit à ses impôts. Il s'agit de la dîme. Mais ce n'est pas la dixième partie de ses revenus que l'on donne, ou plutôt que l'on est contraint de donner, c'est bien davantage. Les habitants de Groix paient des dîmes ecclésiastiques au prieur de Saint-Gunthiern, au prieur de Saint-Guénael de Caudan, au prieur de Saint-Michel des Montaignes en Ploemeur, et à l'abbé de Saint-Maurice de Carnoët. Le chargé d'affaires qui gère, à cette époque, cette taxe à Groix, est Jac YVON. Le rôle de prélèvement de la dîme s'établit comme suit: "5 septembre 1603. Rolle de la dixme de Groy, appelé la « Dixme de la charrette », située en ladite isle dépendant de prieuré de St-Michel des Montaignes ".
Viennent les noms des habitants avec la quantité de céréales due... À la dernière page, le chargé d'affaires dit: "J'ai reçu, pour Monsieur le prieur des Montaignes, le nombre de bled porté ci-dessus de dixme de la charrette... (due?) par les villages de l'isle de Groy au moys de septembre 1603, sous mon signe..."
On paie régulièrement les dîmes. Les collecteurs ont, sans doute, des moyens de coercition. S'il y a des contestations, tant de cet ordre que pour toute autre affaire, le différend n'est porté devant les tribunaux qu'en des occasions exceptionnelles.
À cette date (septembre 1603), on trouve plusieurs familles "LE GOUZRONC" qui paient la dîme:
- Fransoys LE GOUZRONC à Kermousouhet
- Lorans LE GOUZRONC à Kermousouhet pour Lomener.
- Pezron LE GOUZRONC et consorts à Locqueltas pour Kerlaret et Kerouran.
- Jan LE GOUZRONC et consorts à Lomener.
- Hillaire LE GOUZRONC à Kerpunce.
- Hillaire LE GOUZRONC (pour Marguerite TRISTAN, veuve) à Moustéro.
- Lorans LE GOUZRONC à Kerdurant.
- Guillemette LE GOUZRONC à Loctudy.
- Jan LE GOUZRONC à Kerohet.