Après ces différents évènements la peur s'installe...
Alors, fuyant les champs de mines, les groisillons tentent de draguer les fonds de Groix et des Cardinaux. Mais ces proches parages, depuis longtemps abandonnés leurs sont mal connus et beaucoup, perdant leurs trains de pêche, doivent désarmer.
<<< Canot de sauvetage "Rosalie Marchais", et son équipage lors d'une bénédiction 1913
Louis Joseph GOURONC témoigne: " J'étais sur l' "Audacieux", en 1916; après l'affaire du "Dupleix", nous sommes venus faire le chalut au large de Groix. Il n'y
avait pas de mines, mais ce n'étaient pas des parages connus, comme là-bas; ceux qui ont perdu leur train n'ont pu réarmer: Lorient n'était pas du tout disposé pour, c'était plutôt pour le
chalutage à vapeur, à ce moment-là. Je suis donc resté à terre avant Pâques. "
A Groix, on reprend donc la petite pêche, en attendant la saison du thon.
Durant l'été 1916, la pêche du thon continue d'être pratiquée par l'unanimité des inscrits valides et non mobilisés du Quartier. Elle est l'objet de tous les soins des armateurs et des équipages... 184 ont fait la pêche du thon en 1915, 170 bateaux seulement ont pris part à cette campagne. Pour l'armement de cette flottille, les armateurs groisillons ont fait appel à plus de 400 marins étrangers au Quartier et appartenant en grande majorité à Auray, Lorient, Concarneau et Quimper. La douzaine de thons a été rarement vendue à un prix inférieur à 300 F; elle a atteint parfois le prix de 500 F... Pendant les chaleurs caniculaires, beaucoup de thons étaient avariés avant d'arriver à terre. Tous les bateaux ont été dans l'obligation de jeter du poisson à la mer, quelques-uns même ont perdu des chargements entiers de 6 à 700 thons.
Après la pêche du thon, quatre dundees ayant pris part à cette pêche ont été affrétés par l'administration de la guerre pour faire le ravitaillement, transport de céréales, etc.
Le pêche au chalut d'hiver est exercée dans le sud de Groix et dans les parages de La Rochelle. Onze dundees seulement ont été armés pour cette pêche en novembre 1916 contre 40 en 1915. Le manque d'hommes jeunes et vigoureux et surtout la crainte des sous-marins allemands et des mines semées dans le golfe de Gascogne sont les causes de cette abstention.
Coulé par le sous-marin UB 37, commandé par E.V. Hans Valentiner
"Océanien" est un dundee de pêche groisillon de 60 tx, construit à Belle-Ile en 1908 et immatriculé G. 953, appartenant à
l'armement Joseph Marie BERNARD. Arraisonné et coulé le 24 septembre 1916 par l’UB-37 (Oberleutnant zur See Hans Valentiner) à 35 milles dans le Sud d’Eddystone, par 49° 49’ N. et 4° 15’
W.
Lors de sa mise à flot, en 1908, en étaient copropriétaires, tous de Groix :
- Pour 7/32ème, Joseph Marie BERNARD, ° 1861, marin pêcheur et voilier, domicilié à Kerampoulo;
- Pour 7/32ème, Jérôme BOTERF, ° 1858, époux de Marie YVON, domicilié à Locmaria ;
- Pour 7/32ème, Joseph Marie CALLOCH, ° 1861, marin pêcheur, époux de Joséphine YVON, domicilié au bourg de Loctudy;
- Pour 7/32ème, Marie Magdeleine TRISTAN ° 1877, future épouse d'Henri Léopold CALLOCH, commerçante, domiciliée à Port-Tudy ;
- Pour 4/32ème, Jean-Marie YVON, marin pêcheur, domicilié à Ker-Port-Lay (Île de Groix).
En 1916, lors de sa perte, la copropriété du dundee se répartissait de la sorte :
― Pour 8/32ème, Marie Magdeleine TRISTAN, épouse d’Henri Léopold CALLOCH, précitée ;
― Pour 6/32ème, Joseph Marie BERNARD, précité ;
― Pour 6/32ème, Joseph Marie CALLOCH, précité ;
― Pour 6/32ème, Jérôme BOTERFF, précité ;
― Pour 6/32ème, Henri Léopold CALLOCH, époux de Marie Magdeleine TRISTAN.
Après-guerre, les indemnité pour dommages de guerre à allouer aux copropriétaires furent définitivement arrêtées à la somme de 126.107 F pour la perte du navire et de 25.600 F pour la valeur de sa pêche.
L’ "Océanien" sera remplacé par le "Fafa", dundee construit en 1921 et immatriculé G. 1432, ou L.G.X. 3114; il était l’entière propriété d’Henri Léopold CALLOCH, qui le cèdera l’année même à Firmin TRISTAN, armateur domicilié à Port-Tudy (Île de Groix) .
Relation des faits par le patron Hippolyte BOTERF, commandant le dundee de pêche "Océanien" G 953 :
" Le 24 septembre, arrivant au large avec 500 thons à bord et à une petite distance de la côte, environ 40 milles d'Ouessant, au nord (49°49' N ; 4°15' W.) nous aperçûmes un sous-marin se dirigeant vers nous à bonne vitesse. Arrivé à une encablure de nous, un coup de canon à blanc fut tiré et on nous fit signe
d'avoir à quitter le bord immédiatement. Aussitôt, nous lançons notre canot à la mer, dans lequel les 6 hommes embarquent, emportant chacun son gilet de sauvetage, un peu de pain et d'eau. Sur un
autre signal du sous-marin qui avait stoppé à une petite distance (de notre embarcation), nous nous dirigeons vers lui. Le commandant ou celui que nous jugions comme tel fit embarquer quatre de
nous à son bord et deux, toujours sur un ordre de cet officier, durent rester dans le canot et durent conduire à notre bord un matelot du sous-marin muni d'une bombe de laquelle l'effet ne fut
pas suffisant et un coup de canon fut tiré et le bateau a commencé à couler immédiatement. Pendant qu'il coulait, l'officier prit quelques photographies du bateau. Le matelot du sous-marin qui
avait déposé la bombe avait emporté quelques lignes à thon, le drapeau, la montre, les jumelles et une petite hache. Notre canot revenu au sous-marin, on nous fit embarquer en nous disant que
nous nous trouvions au nord d'Ouessant et lui s'est dirigé vers le large. Ce n'est qu'après 2 jours et 3 nuits passés dans le canot que nous avons été aperçus par un chalutier patrouilleur
anglais qui nous a recueilli et nous donna les soins que nécessitait notre état. Rendus à Weymouth, nous avons été envoyés à Southampton et rapatriés par les soins du
consul". Rédigé à Groix le 2 octobre 1916, déposé à l'inscription maritime le 3 octobre
La tempête du 25 septembre 1916
Deux dundees de Groix subissent le même sort, un mauvais coup de vent qui les met en difficulté. Il s'agit du :
"Cormoran", G. 868, un dundee de 20 m, de 45 tx, construit à Belle Ile en 1907 qui sombrera dans le gros temps. L'équipage sera sauvé.
Le "Cormoran" appartient en pleine propriété à Alexandre ÉTESSE, réputé armateur, et entrepreneur en maçonnerie, époux de Marie Françoise LE NEVÉ, né en 1850 à Port-Louis, résidant dans le bourg de Loctudy.
"La Fayette", G 936, un dundee de 20,5 m, de 50 tx, construit en 1908 aux Sables d'Olonne qui lui aussi sombrera dans le gros temps. L'équipage sera sauvé.
un dundee dans la tempête
Le "La Fayette" appartient aux co-propriétaires suivants :
- Maurice Henri CALLOCH, époux de Jeanne LE DIFFON, réputé armateur, né à Groix, en avril 1859 résidant au bourg de Loctudy, pour 1/3,
- Alfred TONNERRE, marin-pêcheur, époux de Concia Anne Marie TONNERRE, né à Groix en juillet 1880, résidant à Kermouzouet, pour 1/3,
- Jean Jacques TONNERRE, marin-pêcheur, époux d'Anne DAVIGO, né à Groix en janvier 1857, beau-père du précédent, résidant à Locqueltas pour 1/3.