Mort pour le France
Fils de Jean Jacques (né à Groix en 1841), marié à Groix, le 27 août 1866 avec Marie Jeanne STÉPHAN(T) (née à Groix en 1853) Émile Marie BARON est né le 8 janvier 1878 à Groix dans le village de kermario.
Vers les années 1890, il commence son apprentissage de marin-pêcheur, d’abord comme mousse, puis matelot à la pêche. Son n° matricule à l’inscription maritime est proba-blement Groix / 616.
Il passe son conseil de révision à Port-Louis en 1898. Son n° matricule est le 616 / Lorient. Il effectue son service militaire à partir 1898 au 3ème dépôt des équipage de la flotte à Lorient.
Il est rendu à sa famille en 1901 et reprend son activité à la pêche.
Il se marie à Groix, le 10 mai 1910 avec Marie Angèle Amélie GUILLET (née à Groix en 1886). Le couple qui vit à Groix, au bourg de Loctudy. ils auront une fille Émiliane, née vers 1912.
Émile BARON décède le 14 juillet 1915, sur le territoire de la commune de Servon-Melzicourt (Marne)
A la mobilisation Émile BARON a 36 ans, il est appelé au 3ème dépôt des équipages de la flotte, mais la Marine ne lui trouve pas d'affectation dans ses rangs, il est d'abord renvoyé chez lui, puis versé dans l'Armée de terre qui manque de bras après les évènements meurtriers de l'automne 1914. Il est convoqué le 14 décembre 1914, et arrive au dépôt du 2ème RIC à Brest, le 16 décembre 1914.
Après quelques semaines de formation, il rejoint ce régiment sur le front, le 11 mars 1915. Il est probable qu'il ait rejoint ce régiment sur le front, dans le même contingent de renfort que Pierre GROSSIN, Ange CAUDAL, Joseph Marie BARON, Joseph Marie BERNARD, Isidore YVON, Pierre BLANCHARD, Élie EVEN et Yves LANCO huit autres groisillons. Celui-ci se trouve à cette date dans un secteur de l'Argonne à Servon.
Après 3 semaines d'un repos bien mérité, du 16 juin au 13 juillet, le régiment se prépare à une nouvelle attaque dans le secteur du bois Baurain. Le 13 juillet au soir, les troupes d'attaque occupent leurs positions de combat, dans le but de les reconnaitre. Le mouvement terminé vers 20 h, les troupes reprennent leurs positions de départ. Le 14 juillet, à 4 h du matin, les bataillons d'assaut sont à leurs postes. A 8 h15, ils s'élancent à l'assaut des positions ennemies entre le saillant de la route Servon – Pavillon et le bois Baurain inclus. Le 2ème R.I.C. est à l'aile gauche de la 15ème D.I.C., son flanc couvert seulement par l'artillerie du 15ème C.A.. L'objectif pour les deux bataillons de tête (1er et 3ème) est de prendre pied le plus rapidement possible dans la première ligne allemande et, si possible, dans la deuxième ligne, de s'y installer, de s'y organiser, de s'y relier avec l'arrière, de se garantir contre toute contre-attaque ennemie, puis, de procéder à un nouveau bond en avant, le 3ème bataillon (bataillon de tête de gauche) formant barrage vers l'ouest et le nord-ouest, ayant une attention toute particulière à couvrir son flanc gauche, il disposera pour former l'échelon en arrière d'une compagnie et d'une section de mitrailleuses du bataillon d'occupation des tranchées (1er bataillon du 1er R.I.C.).
En ce qui concerne le 2ème bataillon (de soutien), le chef de corps réserve une compagnie pour renforcer sa gauche, car celle-ci forme pivot du mouvement et le saillant allemand à attaquer est un point important, car il est construit sur un mamelon, de faible relief, mais commandant tout le terrain aux alentours. La compagnie de droite est également réservée pour couvrir la droite de l'attaque.
A 8 h 30, les troupes doivent déboucher en même temps en colonnes par deux pour pouvoir cheminer à travers les coupures du réseau français.
Les troupes de la 1ère vague, suivies à courte distance de la 2ème, débouchent à l'heure prescrite sans hésitation en ordre et dans le calme. A peine ont-elles dépassé les crêtes, qu'elles sont accueillies par des tirs de barrage, et par des feux de mitrailleuses de flanc. Elles franchissent sans arrêt les défenses accessoires d'une première ligne complètement bouleversée et la deuxième ligne fortement endommagée; certaines portions plus ou moins intactes permettent aux défenseurs d'offrir une certaine résistance. Entraînées par leur élan, elles franchissent la troisième ligne; la gauche s'y établit, le centre continue à progresser dans la direction de Binarville, atteint le fond du ravin de La Noue-Dieussion; la droite enlève les deux premières lignes de tranchées, pénètre dans le Bois Baurain. La (?1 PETITJEAN) compagnie de droite, forganise en état de défense les première et deuxième lignes de tranchées allemandes.
A 8 h 35, ordre est donné aux deux compagnies du centre de la troisième ligne de s'engager dans le centre du dispositif, pour établir la liaison entre la gauche et la droite, les unités du centre ayant disparu dans le ravin. A 9h 05,il devient urgent de nourrir l'attaque. Pendant ce temps, les Allemands massés d'une part, derrière un petit bois situé à l'ouest-nord-ouest de La Noue-Dieussion, se portent en contre-attaque contre les éléments de gauche qui retournent la troisième ligne allemande.
Vers 17 h 30, un bataillon du 1er RIC (? SOUBIRAN) est engagé à droite dans la direction du saillant du «Chêne». Il est repoussé avec de lourdes pertes.
A la nuit, le commandant du 1er bataillon peut se rendre en rampant jusqu'à la tranchée occupée par la compagnie (?1) pour examiner la situation. Il peut même faire procéder à un ravitaillement partiel en pétards, cartouches et eau, mais les Allemands font tous leurs efforts pour chasser ce groupement de leurs positions, attaquant de front et sur le flanc gauche (ouest). Ils parviennent à séparer la compagnie (?2) de la compagnie (?1). Leurs progrès deviennent tellement sérieux qu'un tir d'artillerie est déclenché sur les tranchées occupées par nos éléments du Bois Baurain.
Vers 0 h 30 arrive en renfort une compagnie du 155ème de ligne.
Enfin, vers 3 h, les Allemands se lancent en masse sur le groupe (?1) qui, avec une soixantaine d'hommes, parvient à se replier jusqu'à nos lignes. Quant à la compagnie (?2), l'ennemi a pu occuper le boyau que celui-ci poussait au devant du nôtre et désormais cette fraction, réduite à une trentaine d'hommes, est complètement cernée. Vers 7 h, toute résistance du groupe (?2) semble avoir complètement cessé.
Le régiment a fait une trentaine de prisonniers appartenant à cinq régiments différents.
Dans ces combats du Bois Baurain, le régiment a eu 28 officiers et 1.322 hommes tués, blessés ou disparus dont 7 groisillons : Emile Marie BARON, Joseph BERNARD, Pierre BLANCHARD, Élie EVEN, Yves LANCO, Pierre LE DREFF, et Eugène STÉPHAN. Journée noire pour l'île de Groix et à y regarder de plus près, cette attaque n'a servi à rien !!!
Le 15 juillet, les débris du régiment tiennent toujours le secteur Y, renforcés par deux compagnies du 155ème de ligne à droite et deux compagnies du même régiment à gauche. Le régiment est relevé le 16 et va au repos à La Neuville-au-Pont où il reste jusqu'au 26 juillet pour se réorganiser.
Sur la plaque de l'église, seuls trois noms sur les 7 tués, le 14 juillet 1915 sont inscrits,
les autres étant notés disparus.
Mais revenons un peu en arrière. Le 2ème RIC a son dépôt à Brest, il est membre de la 1ère Brigade Coloniale rattachée à la 3ème Division Coloniale. Il dispose de 3 bataillons.
En août 1914, le 2ème RIC participe à la bataille des frontières en Lorraine et en Belgique. Il combat à Rossignol le 22 août. Durant les combats, le régiment perd 2850 hommes mis hors de combat, puis à Villers-sur-Semoy. Là, craignant qu’il tombât au main de l’ennemi, le drapeau du régiment est enfouit en terre par le soldat LE GUIDEC. Il retraite par Cernay-en-Dormois, Ville-sur-Tourbe puis bois de Ville, il combat à la ferme de Touanges et à Servon.
Le régiment est reconstitué le 17 septembre, avec seulement 2 bataillons, suite aux pertes des précédents combats. Il est dans le secteur de Minaucourt, cote 180, Massiges de la fin septembre à novembre. Il passe en Argonne vers le 13 novembre: bois de la Gruerie, le Four-de-Paris, Chaudefontaine, Fontaine-aux-Charmes, puis dans le secteur de Servon de janvier 1915 jusqu’au 16 juin. Durant cette période, le secteur est calme avec quelques tués et blessés chaque jour, et le 2ème RIC se relaie tous les 5 jours avec le 1er RIC. Il ne se passe pas d'évènements très importants, sauf le 29 janvier 1915, où le 3ème bataillon est alerté et engagé dans la partie sud-ouest du bois de la Gruerie pour coopérer avec la 40ème D.I. à une contre-attaque dirigée contre les Allemands qui ont pris des tranchées.
Le régiment attaque dans la direction sud-nord. Le 3ème bataillon prend comme objectif, le saillant; le 1er bataillon, le Bois Baurain jusqu'à l'organe de flanquement inclus à l'ouest de ce bois. Les deux bataillons de tête (1er et 3ème) sont accolés, chacun d'eux sur 2 lignes. Le bataillon de queue (2ème) est sur une seule ligne. La 1ère vague comprend les grenadiers, cisailleurs, troupes d'assaut, fractions de la garnison de la ligne ennemie à conquérir, grenadiers de nettoyage des tranchées. La 2ème vague est une ligne de renfort; derrière elle, marchent 4 groupes de travailleurs (génie, pionniers d'infanterie). La 3ème vague constitue une ligne de renfort ou de manœuvre. Mais il y a lieu de remarquer que deux de ces compagnies sont réservées pour la protection des ailes.
L'artillerie doit exécuter dans les réseaux de fil de fer treize passages: sept devant le bataillon de gauche et six devant le bataillon de droite.
Dans la nuit on pousse un boyau vers un petit mouvement de terrain marqué par une touffe d'arbres au nord-nord-est du bois 16, mouvement de terrain sur lequel on installe 2 sections de mitrailleuses pour appuyer de ce point la progression de la gauche du 3ème bataillon, en prenant d'enfilade les tranchées allemandes. A droite, une section de mitrailleuses est placée au milieu de la nuit dans le secteur du 173ème de ligne, pour effectuer un septième passage à travers les réseaux de fils de fer, pour le bataillon de droite.
Ce groupe, vers 9 h, débordé par sa droite et par sa gauche, bousculé et ramené en arrière, est obligé d'évacuer le saillant, mais grâce à l'appui d'une compagnie disponible du bataillon d'occupation des tranchées, ces divers éléments se cramponnent au terrain en arrière du bois 16, et d'autre part par le feu des fractions de première ligne (tranchées 20-21) arrêtent les Allemands qui se sont avancés jusque sur la route de Servon, entre notre tranchée 21 et le saillant. A droite de notre secteur, le 173ème de ligne n'a pu déboucher. Il est nécessaire de couvrir la droite de la compagnie (?1). A cet effet, la compagnie (?2 TARQUINY) du 2ème bataillon, est engagée dans les traces de la compagnie (?1) avec ordre d'appuyer sa droite. Au prix de nombreuses pertes, la compagnie (?2) atteint la première ligne allemande et s'y jette.
Vers 10 h 15, le 2ème R.I.C. reçoit comme renfort, deux compagnies d'un bataillon du 1er RIC. L'une de ces compagnies (?3 BARRAUD) se place dans le boyau 19-20 et dans la tranchée 20; et l'autre compagnie (?4 BERDUREAU) se placedans les boqueteaux à la clairière 18-19. On remet de l'ordre dans les unités ramenées et prescrit à toute cette ligne, sous les ordres des chefs de bataillon, de progresser jusqu'à la crête, à proximité de la route de Servon, de s'y enterrer et de se tenir prête à pousser une nouvelle attaque sur la première ligne allemande, de façon à établir la liaison avec les unités qui occupent la lisière du Bois Baurain, comptant que des renforts sérieux seraient placés en arrière et qu'une nouvelle attaque serait montée. On n'a plus de nouvelles des unités du centre qui se sont engagées à gauche des compagnies (? 1) et (?5 CHAUVEUR).
Le mouvement en avant, auquel participe la compagnie (?6 ANGELI, compagnie de gauche du bataillon de soutien, commence à 11 h 05 et est terminé vers midi.
A ce moment, tout le 2ème R.I.C. et deux compagnies de renfort du 1er R.I.C. ont été engagés. Les unités sont soumises pendant tout le cours de la journée à un violent feu d'artillerie, de front et d'enfilade. Les Allemands ont accumulé des mitrailleuses dans les mouvements de terrain avoisinant le «Chêne» et rendent infranchissable le terrain qui sépare la lisière sud du Bois Baurain de nos lignes. Après plusieurs tentatives infructueuses, une liaison peut être établie par un soldat entre le groupe des compagnies (?1) (?5) (?2) et notre première ligne. Deux boyaux d'accès sont commencés de notre côté et poussés au-devant de deux boyaux d'accès commencés par les troupes qui occupent la lisière sud du Bois Baurain. Ce travail, en sape, est gêné par les Allemands qui accumulent des feux d'artillerie, de minenwerfer et de mitrailleuses.
Émile Marie BARON est porté disparu à la suite des combats du 14 juillet, curieuse fête nationale pour lui. Mais il ne réapparaît pas et n’est pas déclaré comme prisonnier. Un jugement déclaratif est prononcé par le tribunal de Lorient en date du 4 février 1921, le déclarant mort au combat, Mort pour la France, le 14 juillet 1915, sur le territoire de la commune de Servon-Melzicourt (Marne). Il est âgé de 37 ans. Il laisse une veuve et une orpheline d'environ 3 ans qui sera adoptée "pupille de la nation"
Son décès est transcrit au registre d’état-civil de la commune de Groix à la date du 12 mars 1921.
On ne connaît pas de tombe. Si son corps a été retrouvé mais non identifié, il a pu être inhumé dans un ossuaire de la nécropole Nationale de St Thomas en Argonne (51519). La nécropole est située à la sortie de Vienne-le-Château. Elle s'étend sur une superficie de 23 ha. Y ont été inhumés 8 085 soldats dont 3 324 en 2 ossuaires .
Son nom est gravé sur le monument aux morts mais pas sur la plaque de l'église étant disparu...
<<<. Journal officiel du 1 août 1922
Emile Marie BARON sera honoré, à titre posthume, de La Croix de guerre avec une étoile de bronze