Mort pour la France

Firmin LE DREF  1879/1915

 

Fils de Maurice, un marin-pêcheur né en 1852 et de Marie Anne LE DREF, née la même année, tous les deux à Groix, mariés à Groix en 1876 et résidant dans le village de Locmaria, Firmin LE DREF est né le 4 juin 1879 dans le village de Locmaria à Groix. C'est l'aîné d'une fratrie de 6 enfants.

 

Très tôt, il sera marin. Il embarque comme mousse à l'âge de 12/13 ans puis comme matelot. En 1899, à l'époque de son conseil de révision, matricule Lorient / 1994ter, il est inscrit maritime sous le matricule Groix / 1814. Il fait son service militaire à partir du 30 juin 1899 au 3ème dépôt des équipages de la flotte à Lorient. Il embarquera sur plusieurs vaisseaux: sur "l'Indomptable" du 21 janvier 1900 au 21 janvier 1901, sur le "Kersaint" du 13 février 1904 au 15 décembre 1901, sur le "Junien de la Gravière" du 6 avril au 17 mai 1902 et sur le "Gueydon" du 22 juillet 1902 au 7 mai 1903

 

Rendu à sa famille, le 7 mai 1903, il reprend ses activités à la pêche.

 

Firmin se marie le 13 novembre 1906, à Groix avec une groisillonne Jeanne Mélanie LE SRAT, née en 1887. Ils résideront dans le village de Locmaria et auront quatre enfants.

 

Il décède le 14 avril 1915, sur le territoire de la commune de La Chalade


 

A la mobilisation, en août 1914, Firmin LE DREF est rappelé au 3ème dépôt des équipages de la flotte à Lorient.  Dans les premiers jours, il ne reçoit pas d'affectation, puis comme beaucoup de marins qui ne trouvent pas place sur les navires et les bâtiments de défense côtière, il est mis à disposition de l'Armée de terre. Il est alors affecté le 7 novembre 1914, mais arrivé au corps le 27 janvier 1915 au 2ème R.I.C à Brest pour une période de formation. Il est affecté au 5ème R.I.C. le 9 mars 1915 qu'il rejoint immédiatement.

Col de la Chipotte

 

Ayant quitté la région Woëvre - Hauts-de-Meuse, le régiment est dirigé sur l'Argonne. Le 2 janvier 1915, il est aux environs de Vienne-le-Château et doit relever des unités très éprouvées occupant le bois de la Gruerie. Sur ce front, les combats battent leur plein ; l'ennemi, qui a rassemblé là ses meilleures troupes, fait des efforts désespérés pour se frayer un chemin vers le sud et s'emparer des voies conduisant à Verdun. La lutte a pris un caractère d'une extrême violence. Dans la forêt très touffue, les tranchées se sont rapprochées à quelques mètres les unes des autres ; la fusillade est intense, les bombes et les grenades tombent sans cesse, la guerre de mines est commencée. Pour ajouter encore aux difficultés imposées aux troupes, une pluie glaciale tombe sans fin. Dans les tranchées, les hommes sont dans la boue jusqu'à mi-jambe; les blessés qui tombent meurent enlisés, il est impossible de leur porter secours. 

Le 5 janvier c'est à ce moment que le régiment entre en ligne. Le 2ème bataillon, qui est arrivé la veille à La Harazée, pour relever des unités en secteur, reçoit l'ordre de s'engager immédiatement pour reprendre les positions dont l'ennemi vient de s'emparer au bois de La Gruerie, en avant de La Fontaine-aux-Charmes. 

 

 

 

Après quelques jours de repos, le régiment, le 21 janvier, va occuper les tranchées du plateau boisé de Bolante. Jusqu'au 16 février, il ne subit aucune attaque, mais le service est cependant très pénible. C'est une guerre de mines sans arrêt; une lutte à coups de bombes, de pétards et d'engins de tranchées de toutes sortes. A ce harcèlement perpétuel, s'ajoute l'activité toujours très violente de l'artillerie ennemie. Sous ce déluge de fer et malgré une pluie persistante qui rend le séjour aux tranchées des plus fatigants, de nombreux actes d'héroïsme ont lieu journellement, attestant de l'énergie des soldats du 5ème colonial. Pendant toute cette période, les 1er et 3ème bataillons se relèvent mutuellement à l'extrémité droite du secteur, en liaison avec le 4ème régiment d'infanterie.

 

A partir du 20 janvier, une activité anormale est remarquée dans les lignes allemandes. L'ennemi construit en sape russe des boyaux s'approchant de nos lignes et se dirigeant vers nos petits postes. Nous nous efforçons de le gêner dans son travail en lui lançant des grenades, des pétards, des bombes Célerier et quelques obus de 58. Mais ses travailleurs sont protégés par des tôles blindées très épaisses et par des boucliers ; nos patrouilles en rapportent plusieurs. La nuit, les têtes de sape sont irrégulièrement occupées par un ou deux hommes; mais jamais nos reconnaissances ne peuvent surprendre ces sentinelles: elles s'enfuient au moindre bruit et donnent l'éveil à leur première ligne. Vers le 5 février, une sape ennemie arrive si près de nos petits-postes qu'un pionnier allemand débouche dans un élément de tranchée non occupé, neutralisé avec du fil de fer barbelé, entre deux de nos postes d'écoute. Le but de l'ennemi devient manifeste: tous ces travaux sont les préparatifs d'une attaque. 

 

 

Vers 13 h, les Allemands reprennent leur attaque avec une fureur renouvelée. La 2ème compagnie ne peut se maintenir malgré d'héroïques efforts, sa position étant attaquée simultanément à droite et à gauche. Les derniers éléments se replient sur la deuxième ligne. La section de mitrailleuses occupant la deuxième ligne au point de liaison avec le 4ème régiment d'infanterie, est bientôt complètement entourée. Après une résistance désespérée, qui coûte cher à l'ennemi, elle doit, pour ne pas tomber entre ses mains, abandonner son abri ; elle ne peut en se repliant emporter son matériel. C'est alors que le 3ème bataillon reçoit l'ordre de relever le 1er bataillon, à l'exception de la 1ère compagnie, et de rétablir la liaison avec le régiment de droite. Pendant que les 9ème et 10ème compagnies vont relever les 3ème et 4ème compagnies, les 11ème et 12ème compagnies doivent relever la 2ème compagnie et rétablir la liaison avec le 4ème régiment d'infanterie. Deux sections de la 11ème compagnie contre-attaquent vivement et reprennent l'abri de la section de mitrailleuses. Tout le matériel est ramené dans les lignes. Au même moment, un régiment d'infanterie vient relever le 4ème régiment; il exécute de son côté une contre-attaque et la liaison s'établit aussitôt avec la 12ème compagnie. Cette unité arrive à progresser par le boyau conduisant à la première ligne perdue, jusqu'au contact de cette ligne, occupée par les Allemands. Mais elle ne peut continuer sa progression par cette seule antenne et élève aussitôt un barrage. Une grande partie du terrain perdu est reconquise et la liaison rétablie. L'ennemi, sur le front du régiment, n'a pu aborder la deuxième ligne et il a subi de lourdes pertes. 

 

Le séjour aux tranchées et le combat du 16 février ont coûté cher au régiment : 5 officiers hors de combat, dont 1 tué et 376 hommes hors de combat, dont 45 tués.

 

Du 16 février au 9 mars, la guerre de mines continue incessante et plus violente; en une seule journée, les Allemands font exploser sept mines, qui, heureusement, ne causent qu'à nos tranchées des dégâts insignifiants. 

 

Le 15 mars, après 36 heures de lutte sous une mitraille incessante, les 8ème et 10ème compagnies sont relevées et laissent aux unités qui les remplacent les tranchées conquises fortement organisées et en face d'elles un ennemi épuisé et démoralisé par les résultats de nos attaques. 

 

La ténacité et l'héroïsme de la 8e compagnie lui valent la citation à l'ordre du corps d'armée  « Le 9 mars 1915, a donné l'assaut à une tranchée allemande très solidement fortifiée, s'en est emparée du premier élan et s'y est maintenue en repoussant plusieurs contre-attaques. A attaqué une seconde fois le 14 mars, faisant des prisonniers à l'ennemi et lui prenant un nombreux matériel ». 

 

Après le 15 mars jusqu'au 24 juin 1915, le régiment occupe les tranchées du secteur de Bolante. La guerre de mines continue de part et d'autre, mais sans attaque d'infanterie. Cependant, les tirs des engins de tranchée et de l'artillerie ennemie, d'intensité variable, mais presque continus, causent des pertes sensibles. Les attaques des 9 et 14 mars, et la période du 15 mars au 24 juin ont coûté au régiment : 11 officiers hors de combat dont 4 tués et  853 hommes hors de combat, dont 133 tués.  C'est le cas de Firmin LE DREF qui est atteint le 14 avril 1915, après seulement 1 mois au front.

 

Le 5ème R.I.C est un régiment d'infanterie coloniale dont le dépôt se trouve à Lyon. Il fait partie de la 2ème brigade d'infanterie coloniale intégrée à la 2ème division coloniale...

 

Il participe à la bataille des frontières en Lorraine. Il combat à Walsheid, Saint-Léon le 19 août et 20 août, bataille durant laquelle 558 h. (dont 67 tués sont mis  hors de combat) puis Saint-Quirin, Bréménil, Montigny le 23, Merviller, nord de Baccarat, croupe de Criviller, Baccarat, combat de Merviller, le 24 août, bois de Boulay. La brigade coloniale reçoit l'ordre de reprendre les villages de Ménil, Anglemont et Bazien. 400 h. sont mis hors de combat durant ces 2 journées.

Par la suite, il combat au col de la Chipotte, puis début septembre à Saint-Benoît, Larifontaine, La Haye-Banneau, Pexonne, Neufmaisons, Fenneviller... On le retrouve à Apremont, Loupmont, Le Mont en octobre, la hauteur du Haricot, bois Jurat, bois de Saulcy d'octobre à décembre. Durant les cinq mois de1914, le régiment aura eu près de 2000 h. hors de combat).

La 6ème compagnie est aussitôt lancée à l'ennemi. Par une attaque vigoureuse, elle parvient à le refouler, mais sans pouvoir néanmoins reprendre intégralement le terrain perdu. Soumise à un tir violent de mitrailleuses, elle subit de lourdes pertes qui arrêtent sa progression ; elle réussit cependant à s'accrocher au terrain. Renforcée par un peloton de la 8ème compagnie, elle reprend presque aussitôt sa marche en avant ; mais, après une une légère progression, elle doit s'arrêter de nouveau, décimée par le feu ennemi. La 7ème compagnie reçoit alors l'ordre de contre-attaquer sur le flanc droit de notre ligne. Accueillie par un tir nourri de grenades ennemies, elle ne peut progresser et ses pertes sont sévères. A son tour, la 10e compagnie prononce une contre-attaque sur le flanc gauche de la position, mais également décimée par le feu des mitrailleuses, elle doit s'arrêter et s'accrocher au terrain. Devant l'impossibilité de pousser plus avant, les unités se retranchent sur place et organisent le terrain reconquis au prix de durs efforts et de pertes sensibles. L'organisation se continue les jours suivants et le régiment reste en ligne jusqu'au 15 janvier dans des conditions extrêmement pénibles.

 

Le 16 février, le secteur du bois Bolante est tenu par le 1er bataillon, dont les unités sont réparties de la droite à la gauche: 2ème compagnie; 4ème compagnie; 3ème compagnie; 1ère compagnie. Le 3ème bataillon est en réserve à un kilomètre environ en arrière, au ravin des Courtes-Chausses. A la pointe du jour, les Allemands bombardent les lignes avec des obus de tous calibres, en même temps qu'ils exécutent des tirs fusants sur les carrefours et les confluents des ravins par où peuvent être acheminées les réserves. Le 3ème bataillon est alerté, ainsi qu'un bataillon du 33ème colonial. Vers 7 h. 30, l'ennemi déclenche son attaque d'infanterie sur le front du 1er bataillon et du bataillon du 4ème régiment d'infanterie, en liaison avec la 2ème compagnie à notre droite. Les unités du 4ème régiment perdent leurs première et deuxième lignes, laissant ainsi à découvert le flanc droit de la 2ème compagnie. Les 1ère et 4ème compagnies, après une résistance opiniâtre, ne peuvent contenir l'invasion de l'ennemi et doivent se replier sur la deuxième ligne. Cependant, la 2ème compagnie qui résiste héroïquement, déclenche une contre-attaque sur les Allemands qui occupent les tranchées du 4e régiment d'infanterie et qui s'efforcent de progresser vers elle. Son commandant est grièvement blessé, mais la contre-attaque fixe l'ennemi. A ce moment, le bataillon du 33ème colonial, qui a été alerté dès la première heure, contre-attaque pour reprendre les tranchées perdues par le 4e régiment d'infanterie et boucher le vide qui s'est produit entre les éléments de ce régiment qui n'ont pas bougé à droite et la brigade coloniale. Le même ordre prescrit au 3ème bataillon du 5ème colonial de s'installer sur le plateau au nord du ravin des Courtes-Chausses, pour arrêter, le cas échéant, la progression de l'ennemi. Le bataillon du 33ème RIC est accueilli par des feux violents de mitrailleuses et ne peut progresser. Pendant ce temps, le 3ème bataillon s'établit sur le plateau au nord du ravin des Courtes-Chausses, où il commence une tranchée. 

 

Le 9 mars, la 8ème compagnie et un peloton de la 7ème compagnie prennent part à une attaque locale exécutée par des unités du 6ème colonial. Cette opération, qui a pour but l'enlèvement de la première ligne allemande sur un front de 500 mètres, doit nous procurer de bons observatoires sur les positions ennemies. Après un violent bombardement de deux heures, le signal de l'attaque est donné: il est 5 h. 30. Avec un entrain admirable, les hommes sortent de leurs tranchées et se précipitent vers la ligne ennemie, dont ils s'emparent. La tranchée est aussitôt retournée et une contre-attaque allemande n'obtient aucun succès. 

 

Mais vers 19 heures, l'ennemi revient en force et tente à nouveau de nous déloger de la tranchée conquise. La 8e compagnie, attaquée à la fois de front et sur ses flancs, écrasée par une pluie de pétards et de grenades, est rejetée sur sa tranchée de départ : elle ne compte plus qu'une trentaine d'hommes environ. 

 

C'est après cette attaque que Firmin LE DREFF rejoint le 5ème RIC. Il est affecté à la 9ème compagnie (3ème bataillon). Le 13 mars, à 19 heures, la 8ème compagnie, reconstituée, quitte la Sapinière et va prendre position dans la parallèle de départ. 

 

Le 14 mars, à 6 heures, le signal de l'assaut est donné. Malgré trois mines qui sautent sous leurs pas, causant des pertes sensibles, les hommes atteignent d'un seul élan la deuxième ligne allemande et s'y fortifient. Cinq contre-attaques, précédées de violents bombar-dements, sont repoussées et tout le terrain conquis est conservé au prix de lourdes pertes. Pendant ce temps, sur un autre point du front, la 10ème compagnie participe à cette même attaque et y montre d'égales qualités de bravoure. Prêtant aux unités du 6ème colonial un précieux concours et par un combat rapproché qui se poursuit mètre par mètre, elle force l'ennemi à abandonner ses tranchées. 

 

 

 

Firmin LE DREF, décède le 14 avril 1915, tué à son poste sur le champ de bataille d'un éclat d'obus ou de l'explosion d'une mine dans les tranchées de bois Bolante, commune de La Chalade (Meuse). Il allait avoir 36 ans. Il laisse une veuve et  4 orphelins. 

 

Il est inhumé dans une tombe particulière n° 1325 dans la nécropole nationale de "La Forestière" sur la commune de La Chalade, dans la Meuse. 2005 soldats français ont chacun une croix, il n'y a pas d'ossuaire.

 

Son acte de décès avec la mention "Mort pour le France" a été transcrit sur le registre d'état-civil de la commune de Groix, le 7 juillet 1915.

 

Son nom est gravé sur les différents monuments de la commune de Groix

 

Nécropole Nationale "La Forestière" - Commune de La Chalade