Mort pour la France
Joseph Marie TROCADÉRO (1885/1916)
Fils de Jean Marie, un journalier, marchand ambulant né à Querrien (Finistère) en 1858 et de Marie Louis GUÉGUAN, née à Mellac (Finistère) en 1863, mariés à Querrien en novembre 1884, Joseph Marie TROCADÉRO est né le 11 octobre 1885, un peu par hasard à Groix, dans le bourg de Saint-Tudy. Il est l'aîné d'une fratrie de sept enfants. Sa famille ne reste pas à Groix, elle voyage beaucoup: Ploemeur, Quimperlé, Douarnenez, Carnac...
En 1905, il passe devant la commission de recrutement, à Port-Louis, il est déclaré "bon pour le service" sous le matricule 1732/Lorient. Curieusement, il ne déclare aucun métier, ni aucun lieu de résidence. Une entrefilet dans la presse, nous en dit un peu plus...
<<<<
Incorporé le 6 octobre 1906 au 161ème RI dont la caserne se trouve à Saint-Mihiel dans la Meuse. Joseph est nommé caporal le 28 septembre 1907. Rendu à la vie civile le 25 septembre 1908.
Joseph TROCADÉRO déclare la naissance de sa fille Augustine Anna à Quiberon le 21 septembre 1912. Toutefois il ne se mariera avec la mère de l'enfant, Marie Augustine Juliette GUET, que le 22 mai 1916 à Quimperlé (Finistère), quelques jours avant son départ pour le front.
Joseph Marie TROCADÉRO décède le 11 octobre 1916.
Joseph Marie TROCADÉRO est mobilisé le 3 août 1914. Il est alors âgé de presque 29 ans. Il est affecté au dépôt du 62ème RI, le régiment dans lequel il a fait ses périodes d'exercice, à Lorient. Après une période d'instruction et compte tenu de son âge, il sera probablement affecté au 262ème R.I., le régiment de réserve du 62ème RI. On ne retrouve pas la date à laquelle il rejoint son régiment au front sur sa fiche matricule.
Le 262ème R.I. est composé de deux bataillons, il appartient à la 122ème Brigade d’Infanterie (61ème Division d'Infanterie de réserve). La Division est composée du 219ème, 262ème, 264ème, 265ème, 316ème, 318éme RI. Elle est affectée en août 1914 à la défense du camp retranché de Paris. Le régiment stationne au Bourget et Aulnay/Bois, puis il est transporté dans le secteur de Rancourt où il participe le 27 août au combat de Sailly-Saillisel où il subit de très nombreuses pertes. Il participe à la bataille de la Marne du 5 au 13 septembre dans le secteur de l'Ourcq (Boissy-Fresnoy dans l'Oise, moulin du Fresnoy, bois de Montroll... Puis on le retrouve sur le plateau de Sacy le 12 septembre puis à Nampcel, et à Moulin-sous-Touvent toute la fin de l'année 1914.
Il restera dans ce secteur de l'Oise toute l'année 1915 et les premiers mois de 1916: Autrêches, Moulin-sous-Touvent, attaques de la bascule de Quenne-vières et la ferme Touvent, (sur la photo à droite) la ferme Quennevières, Tracy Le Val, Puisaleine, Maison-Rouge,...
Le 7 mars 1916, Joseph TROCADÉRO est déclaré inapte par la commission de réforme de Lorient pour une durée d'un mois suite à une "plaie ulcéreuse récente" à la jambe droite. Le fait que ce soit la commission de Lorient qui statue laisse penser que Joseph n'a peut-être jamais rejoint le front avec le 262ème R.I. ?
Le 11 septembre, le 154ème est transporté sur la Somme où la bataille est toujours vive et la réaction de l'ennemie désormais vigoureuse. Il débarque à Crèvecoeur-le-Grand, puis marche vers l'est dans le secteur de Maisoncelle-Tuileries / Puits-la-Vallée dans l'Oise où il reste jusqu'au 20 septembre. Le 21, il est transporté à Chipilly dans la Somme où il reste jusqu'au 24. Le 25 II se rend à la Ferme Rouge, puis à le Ferme de l'Hôpital.
Le 26 septembre, le 154ème R.I. est positionné au sud de Rancourt, le 1er puis le 3ème bataillon sont mis successivement à la disposition des corps de la 42ème division déjà engagés, et agissent isolément pour le compte de ces derniers. Ils sont engagés au sud-est de Rancourt et du bois Saint-Pierre Vaast les 27, 28 et 29 septembre. Le régiment est relevé le 30 et il retourne à Chipilly pour se reconstituer, ayant perdu 20 hommes tués, 70 blessés et 19 disparus
Après une semaine de repos le régiment remonte en ligne le 7 octobre. Il est d'abord en réserve au vallon de la halte de Maurepas, puis, à la suite de relèves partielles exécutées les 10, 11 et 12, nous le retrouvons groupé devant Sailly; son front, formé en arc de-cercle, passe par la tranchée de Teplitz et la tranchée de Berlin, et se prolonge à droite face à la tranchée de Reuss. Le bombardement s'accentue, accompagné de violents tirs de barrage, les tranchées sont bouleversées, on s'attend à tout instant à voir déboucher des contre-attaques de Saillisel ou du bois de Saint-Pierre-Waast.
Après sa guérison, le 17 juin 1916, Joseph Marie TROCADÉRO est affecté au 154ème R.I. dont le dépôt se trouve à l'époque à Saint-Brieuc (Côtes d'Armor) qu'il rejoint immédiatement au front.
Le 154ème fait partie, avec le 155ème RI, de la 79ème brigade (40ème division) jusqu'à la fin décembre 1916.
Le régiment sort d'une période difficile sur le front de Verdun (secteur du Bois des Caurettes) durant laquelle les pertes ont été lourdes. II a été relevé le 2 juin et séjourne à Brillon-en-Barrois (Meuse) jusqu'au 12 juin. Le 15 juin le 154ème cantonne dans le secteur de Commercy. Le 19 juin, il monte en ligne dans le secteur de Boncourt (Meuse).
Joseph Marie TROCADÉRO fait probablement parti du détachement de 372 hommes qui vient renforcer le régiment le 21 juin ou de celui de 261 qui arrive le 23 juin. Joseph est affecté au ? bataillon (? compagnie). Le secteur de Boncourt est relativement calme. Le régiment est relevé le 3 août 1916.
Il est transporté plus à l'est, dans le nord-ouest de Baccarat ( Moyen, Brouville, ... en Meurthe et Moselle). Le 7 août, le 3ème bataillon monte en ligne dans le secteur de Brouville. Le secteur est calme. Le 22 août tout le régiment est relevé et transporté par camion à Rosières-aux-salines (au sud-est de Nancy) pour une période d'instruction et de manoeuvre qui dure jusqu'au 10 septembre
La journée du 11 octobre est particulièrement meurtrière. Les 1er et 3ème bataillons du 154ème RI ont pris la relève dans la tranchée de Berlin. Ils subissent un bombardement violent et continu.
39 hommes sont tués dont un officier commandant d'un bataillon, tandis que 72 dont un officier sont blessés. On compte aussi 6 disparus.
Le soldat Joseph Marie TROCADÉRO est tué à l'ennemi, le 11 octobre 1916, à 16h., sous les bombardements, sur le territoire de la commune de Rancourt, le jour même de son 31ème anniversaire. Il laisse une veuve récemment épousée et une orpheline de 4 ans.
Son corps sera inhumé dans une tombe individuelle, numérotée 3418, de la Nécropole nationale de Rancourt (Somme).
Son nom est inscrit sur les monuments aux morts de la commune de Groix et de la commune de Quimperlé (au côté de René ÉNIZAN, l'arrière grand-père maternel du rédacteur)
La transcription de l'acte de décès de Joseph TROCADÉRO figure sur le registre d'état civil de la commune de Quimperlé en date du 29 mars 1917.
Joseph Marie TROCADÉRO sera décoré de la de la Croix de Guerre avec une étoile de bronze à titre posthume (J.O. 29 juillet 1921)
le monument aux Morts de Quimperlé,
C'est Mme RIO, veuve d'un soldat mort durant la guerre qui posa pour la statue