Début 1918, après trois ans de conflit, le front est bloqué et les Alliés sont épuisés. Les Allemands, eux, renforcés par les troupes revenues du front de l’Est, pensent prendre l’avantage lors d’ultimes offensives. Mais rien ne se passera comme prévu…
Le printemps 1918 doit être décisif, et le plan des Allemands ne manque pas d’ambition : les généraux de Guillaume II comptent rompre le front britannique, situé devant Amiens, pour ensuite isoler Britanniques et Belges dans une poche. La capitulation des Alliés serait alors inévitable. Pour y parvenir, les Allemands comptent sur deux tactiques déjà rodées sur le front de l’Est. D’abord, des barrages d’artillerie massifs mais brefs frappent les premières lignes et les centres de commandement. Autre nouveauté : l’infiltration. Finies les charges massives, on progresse par petits groupes de soldats entraînés au combat rapproché.
Lorsque débute l’opération "Michael", le 21 mars, la surprise est totale. Les Allemands enfoncent le front britannique, plusieurs divisions sont anéanties et Amiens est menacé. Mais le front est rétabli en toute hâte avec l’envoi de réserves.
Le 9 avril débute une nouvelle offensive, sur la Lys cette fois, baptisée «Georgette». Les Allemands progressent encore à la vitesse de l’éclair mais, si les dégâts subis par les Alliés sont sévères et les gains territoriaux conséquents, l’armée allemande perd 350 000 hommes.
Ces échecs ont une conséquence inattendue : les Alliés prennent soudain conscience de la nécessité d’organiser enfin un commandement unique afin de répondre de manière coordonnée aux attaques allemandes et de mener des offensives combinées. Le 26 mars, le général Foch est officiellement chargé par les gouvernements français et britanniques de «coordonner l’action des armées alliées sur le front de l’Ouest». Le 14 avril, il obtient le titre de «général en chef des armées alliées en France».
L’ Amérique, entrée en guerre depuis avril 1917, commence à inquiéter les Allemands. Pour son état-major, le choix apparaît désormais clair: il faut l’emporter vite. Le 27 mai, ils lancent une nouvelle offensive sur le front du Chemin des Dames. Les terribles combats qui s’y étaient déroulés l’année précédente avaient provoqué une crise sévère au sein de l’armée française avec un vaste mouvement de mutineries.
Cette fois, les troupes chargées de défendre le secteur lâchent prise devant les assauts furieux des troupes du Kaiser. Deux semaines plus tard, les Allemands ont repris Soissons et Château-Thierry, avançant de plus de 30 kilomètres en certains endroits, même s’ils doivent s’arrêter pour consolider le territoire qu’ils viennent de conquérir. Ils ont gagné la bataille, mais les troupes sont épuisées. Le 15 juillet, les soldats du Kaiser se préparent à lancer une opération sur la Marne, en direction de Paris, qu’ils espèrent si décisive qu’ils lui ont donné le nom de Friedensturm, «l’offensive pour la paix». Mais ses préparatifs sont découverts et elle échoue. Nouvelle déconvenue pour les Allemands qui s’apprêtent à passer à l’attaque vers l’est en direction de Reims et d’Epernay : à leur grande surprise, ce sont les Français qui prennent l’initiative, avec comme objectif principal la capture de l’axe Soissons-Château-Thierry. La bataille fera office de baptême du feu pour les nouveaux chars Renault FT. L’assaut a lieu sans préparation d’artillerie, ce qui accroît encore l’effet de surprise. Algériens, Marocains et Américains de la 1re division d’infanterie sont à la pointe d’une attaque qui renverse tout sur son passage. Le 20 juillet, c’est au sud et à l’est de la poche que les Français s’élancent, complétant la débandade allemande. Le 6 août, Soissons est repris. Pour les Allemands, il faut s’y résoudre : l’heure des offensives est terminée.
Le 8 août fut le jour de deuil de l’armée allemande, écrit le général en chef " Le déclin de notre capacité de combat ne faisait alors plus de doute." Ce jour-là, en effet, les Alliés passent à l’attaque à l’est d’Amiens, entre Albert, au nord, et Moreuil, au sud. Français, Canadiens, Australiens et Britanniques progressent sur près de 10 kilomètres en quelques jours, appuyés par une arme qui semble de plus en plus décisive et de plus en plus fiable : le char d’assaut, déployé à plus de 500 exemplaires. Lors de cette troisième bataille de Picardie (la «bataille d’Amiens» pour les Britanniques), le front germanique est enfoncé. Mais, surtout, on observe des redditions en masse de soldats allemands démoralisés.
Les 13 et 14 août 1918, a lieu un conseil de la Couronne suivi, le 15 août, par une réunion entre Allemands et Austro-Hongrois. Paul von Hindenburg, chef d’état-major des armées, a tout fait pour dissimuler à Guillaume II et à son gouvernement l’étendue de la catastrophe qui s’annonce, mais la situation n’est plus tenable. Chacun comprend que l’armée allemande n’a désormais plus de capacités offensives. L’arrivée, le lendemain, de l’empereur d’Autriche-Hongrie ne vient pas ranimer la flamme. Ses armées sont en repli et son empire est en train de s’effondrer de l’intérieur. Ses alliés le dissuadent de se rendre. Alors, c’est en secret que François-Joseph commence à négocier la paix.
Construite durant l’hiver 1916-1917, la ligne Hindenburg est un système de défense et de fortifications qui s’étendait sur près de 160 kilomètres de Lens jusqu’à l’Aisne, en arrière du front. L’armée allemande s’y était redéployée à partir de février 1917, dans le but de raccourcir le front et de libérer des divisions. La ligne est attaquée le 18 septembre 1918 par les Alliés, qui utilisent massivement les chars. Le 8 octobre, les Britanniques sont les premiers à rompre les positions allemandes entre Cambrai et Saint-Quentin. Rupture stratégique mais aussi symbolique : la plus forte position allemande sur le front est brisée.
Née aux États-Unis, l’épidémie de "grippe espagnole" se répand comme une traînée de poudre en Europe en raison des flux de population générés par les mouvements de troupes. Le pic de la maladie est atteint au cours de la seconde moitié du mois d’octobre. Selon les estimations, elle aurait fait 400 000 morts rien qu’en France, et entre 20 et 50 millions de morts dans le monde, bien plus que les combats.
En octobre 1917, les Italiens ont frôlé l’anéantissement lors de la défaite terrible de Caporetto. Ils ne sont parvenus que de justesse à se rétablir sur le Piave, après s’être obstinés pendant deux ans à attaquer sur l’Isonzo, au nord de Trieste. Jamais, sans doute, plus grande défaite n’a été infligée depuis quatre ans. Mais, contre toute attente, les Italiens vont se reprendre, notamment grâce à l’envoi in extremis de troupes françaises et britanniques qui permettent de stabiliser la situation. Au mois de juin 1918, les Alliés sont prêts à lancer une nouvelle offensive, qui ne rencontre pas le succès escompté. Fin juin, les premiers contingents américains arrivent en Italie. Le 24 octobre, c’est la bataille de Vittorio Veneto qui commence. Le front autrichien est percé en plusieurs endroits, la déroute est complète et fait penser à un Caporetto à l’envers, avec encore plus d’ampleur. Rien ne semble pouvoir arrêter les Alliés, qui font plus de 300 000 prisonniers. Les craintes exprimées par l’empereur allemand à Spa, en août, s’avèrent fondées. Son empire est en train de s’effondrer. Tirant les conclusions de ce désastre prévisible, Vienne propose à Rome, dès le 27 octobre, de négocier un armistice, qui sera signé le 3 novembre, prenant effet le lendemain à 15 heures
L’Autriche-Hongrie a officiellement capitulé le 4 novembre, mais l’Allemagne s’obstine. Pourtant, les signes sont clairs. Fin octobre, ce sont les marins de Wilhelmshaven qui se sont mutinés, et le mouvement a pris de l’ampleur. A Stuttgart, à Munich, des conseils d’ouvriers ou des partis de gauche prennent le pouvoir. A Berlin, c’est maintenant la grève générale qui menace depuis que les autorités ont fait arrêter un représentant syndical. L’armée est en effectifs insuffisants pour empêcher l’émeute et fraternise bientôt avec les ouvriers. Guillaume II, depuis son quartier général de Spa, n’a plus d’autre choix que d’abdiquer. La nouvelle est connue vers 11 heures, le 9 novembre. La République allemande est proclamée, tandis que l’ex-Kaiser s’enfuit en Hollande restée neutre, où il mourra en exil, en 1941. A l'image, ce groupe de soldats allemands brandit le drapeau rouge à la porte de Brandebourg.
Voilà déjà quelques jours que les Allemands sont entrés en contact avec les Alliés pour négocier un armistice. Pendant ce temps, les combats se poursuivent.
Une photo des signataires alliés après la signature de l'Armistice qui prend effet le 11 novembre 1918 à 11h
Mais pendant ces 10 mois et demi de guerre d'autres groisillons (23) tomberont, certains décèderont même après l'armistice:
Joseph Yves TONNERRE, le 16 janvier
Jean Emmanuel STÉPHANT, le 8 avril
Léopold Joseph STÉPHANT, le 30 mai
Joseph Sébastien EVEN, le 11 juin
Pierre Julien Marie LE BORGNE, le 8 août
Georges Pierre Marie DERRIEN, le 28 août
Ambroise Adrien TRISTAN, le 2 septembre
Amédée Paul GUÉRAN, le 8 septembre
Joseph Marie BARON, le 9 septembre
Jean Mathurin Marie CADORET, le 13 septembre
Eugène Mathurin TUAUDEN, le 14 septembre
Laurent Marie GUILLAUME, le 20 septembre
Joseph LE ROUX, le 26 septembre
Firmin Joseph KERSAHO, le 27 septembre
Joseph Marie JOUAN, le 7 octobre
Laurent Marie CALLOCH, le 4 novembre
Olivier LEROUGE, le 13 novembre
Paul Charles GUÉRAN, le 16 décembre
Henry Marie VAILLANT, le 26 décembre