Mort pour la France
soldat du 150° R.I. en tenue d'apparat
entrée de la caserne du 150° R.I. à Saint Mihiel
fantassin en 1915
Fils de Maurice, un marin-pêcheur groisillon, né en 1852 et de Marie Josèphe GUILLAUME, née à Groix en 1853 de parents continentaux, mariés en octobre 1885, résidant dans le village de kermario, Joseph Sébastien ÉVEN est né à Groix, dans le village de Kermario, le 19 février 1887. Il est un enfant unique.
Son père décède en janvier 1888, alors qu'il à moins d'un an.
Après quelques années passées sur les bancs de l'école, Joseph Sébastien entre en apprentissage. Lui ne sera pas marin à cause d'une santé défaillante, ou par choix de sa mère, étant orphelin de père et enfant unique ?
Il choisit le métier de soudeur, boîtier dans les conserveries.
En septembre 1907, il passe devant le conseil de révision au chef-lieu de canton: Port-Louis. il est déclaré "bon pour le service armé", mais le statut de soutien de famille lui est reconnu. Son n° matricule est le 1741 / Lorient.
Il est appelé, pour son service militaire, le 9 octobre 1908. Il est affecté au 150ème R.I. dont la caserne se trouve à Saint-Mihiel .
Il est rendu sa famille le 24 septembre 1910. Il reprend ses activités, à Groix.
A la déclaration de guerre en août 1914, Joseph Sébastien ÉVEN est âgé de 27 ans. Il est célibataire.
Il est rappelé et affecté au 62ème R.I., dont le dépôt se trouve dans la caserne Bisson, rue Hoche à Lorient. Après quelques semaines de remise en jambes, il rejoint son régiment au front qui fait partie de la 43ème brigade (22ème Division - 11ème C.A.)
Le régiment a reçu son baptême du feu fin août 1914 en Belgique, plus de 60 prisonniers sont faits durant ce premier engagement. Début septembre, durant la bataille de la Marne, le 62ème combat à Fère-Champenoise et, en octobre, barre à l’envahisseur la route d’Amiens.
Commence ensuite la pénible guerre des tranchées, le régiment effectue différents coups de mains jusqu’au mois de juillet 1915 dans le secteur d’Avelly-Authuille. En septembre, il participe à la cruelle offensive de l’automne 1915 dans le secteur de Mesnil-les Hurlus / Tahure. Après quelques jours de repos, le régiment remonte en ligne dans le secteur de Tahure, qu’il occupera jusqu’au 21 février 1916. La conduite exemplaire de ses hommes lui vaudra d’être à l’ordre de l’Armée.
Au printemps 1916, le 62ème se trouve dans l’enfer de Verdun le régiment occupe pendant 22 jours le secteur qui lui est assigné et le défend avec acharnement.
Au mois de novembre 1916, à la reprise du fort de Vaux, il est de ceux cités par Pétain dans son ordre du jour « courage, on les aura ».
En mai 1917, dans le secteur d’Ailles, le régiment subit encore des pertes très sévères, soit 40 officiers et 900 hommes. En octobre 1917, il se trouve dans le secteur du Chemin des Dames.
Joseph Sébastien ÉVEN est probablement blessé lors d'un de ces deux derniers épisodes sanglants. Il est hospitalisé, puis mis en convalescence.
chars Schneider
Le Haut commandement allemand décide d’investir le saillant de Compiègne et sa région. Le général Von Hutier est chargé de mener l’assaut dans le secteur du Matz à partir de Lassigny.
L’attaque a lieu le 9 juin. Les premières lignes françaises sont emportées. Ressons est rapidement atteint. Les habitants des villages environnants dont Remy quittent précipitamment leur maison. L’offensive se développe le lendemain en direction de l’Aronde. Le front est alors à moins de 2 Km de la ferme de Beaumanoir (commune de Rémy) où la 69ème Division d’Infanterie installe son quartier général. En toute hâte des tranchées sont creusées dans le parc du château de Monchy-Humières.
Le 10 juin, le général Mangin est chargé de constituer une force capable de contre-attaquer. Il rassemble plusieurs divisions à la droite de l’avance allemande. Le lendemain, 11 juin 1918, la contre-offensive française appuyée par des chars lourds ‘Saint Chamont’ de l'A.S. 34 accompagné de la 3ème Cie du 1er bataillon du 262ème régiment auquel appartient Joseph Sébastien ÉVEN s’élance et repousse brillamment l’aile droite ennemie. Belloy est repris.
Le général Von Hutier doit stopper son offensive en direction de Compiègne pour parer la menace. Le front se stabilise alors près d’Antheuil-Portes. Les soldats français cantonnent à Lachelle et Remy.
La bataille du Matz est terminée. C’est un succès, relatif, mais le premier depuis longtemps. Cette victoire, Joseph Sébastien ÉVEN en aura payé le prix. Il est tué au combat.
la tombe de Joseph Sébastien ÉVEN dans la N.N. de Dompierre (60)
Après son rétablissement, il est affecté le 25 février 1918, à la 3ème compagnie du 1er bataillon du 262ème affecté à l'artillerie d'assaut (Les chars)
Le 262ème Régiment d'infanterie avait été dissous le 21 février et réorganisé en 3 bataillons, isolés et sans compagnie de mitrailleuses du 262ème affecté à l'artillerie d'assaut. leur mission, de fait est d'accompagner, de suivre, éventuellement de défendre les Chars et d'occuper le terrain après leur passage. Ils sont composés de grenadiers voltigeurs "volontaires".
Apparement le volontariat est tempéré : « Ce n'est pas sans un serrement au cœur que nous subissons la dissolution (…) Et puis l'accompagnement des chars d'assaut ne nous dit rien qui vaille. Ces monstres attirent les obus » extrait du J.M.O.
Joseph Sébastien ÉVEN rejoint son bataillon à Gilocourt (Oise), camp de Champlieu où depuis décembre 1917 le général Estienne avait installé dans l’Oise au château d'Orrouy près de Champlieu, le nouveau camp d’entraînement des chars. Il portait le nom de code 201. La localisation du camp d’Orrouy offrait des avantages incontestables. D’abord, ses étendues de terre servant déjà de terrain de manœuvres à l’infanterie offraient de bonnes possibilités d’évolution tandis que la forêt de Compiègne.
En l'absence du J.M.O du 1er bataillon du 262ème régiment, nous n'en auront pas plus, sauf l'issue tragique lors de la bataille du Matz.
les flèches orange indique le lieu de l'attaque des chars
Joseph Sébastien ÉVEN est tué au combat le 11 juin 1918 à 13h10 entre les villages de Tricot et Méry (Oise). Il est alors âgé de 31 ans. Il est célibataire. Il a presque effectué 4 années de guerre.
Son corps sera inhumé dans la Nécropole nationale de Dompierre (Oise) dans la tombe individuelle curieusement numérotée 262. Cette nécropole accueille 1 414 dépouilles de soldats, dont 1 318 en tombes individuelles et 96 en ossuaire.
Son acte de décès est retranscrit dans le registre d'État-civil de Groix à la date du 4 novembre 1918.
Sa mémoire sera honorée par la gravure de son nom sur tous les monuments mémoriels de la commune de Groix.
Ici, le tableau de l'Église de Loctudy, avec une grosse erreur pour la date
ci-dessous, le Monument aux Morts de la place de l'Église de Loctudy