Mort pour la France
Fils de Jacques, un marin pêcheur, né à Groix en 1854 et de Marie NICLOT, née à Groix en 1856, mariés à Groix en octobre 1881, résidant dans le village de Locmaria, Maurice Joachim Thomas STÉPHANT est né le 20 août 1893 à Groix dans le village de Locmaria. C'est le septième enfant d'une fratrie de neuf.
Après quelques années passées sur les bancs de l'école, il fait son apprentissage de marin-pêcheur en s'embarquant comme mousse dès l'âge de 11/12 ans. Durant la campagne thonière de l'été 1908, il devient novice et en août 1911, Maurice Joachim STÉPHANT devient inscrit définitif sur les registre des gens de mer du quartier de Groix, sous le matricule n°2082.
A la fin de l'été 1913, il est levé pour effectuer son service militaire dans la marine d'État. Il est affecté pour faire ses classes au 3ème dépôt des équipages de la flotte à Lorient.
Maurice Joachim Thomas STÉPHANT décède le 1 janvier 1919 à Saint Mandrier (Var).
Quand la guerre éclate en août 1914, Maurice STÉPHANT a tout juste 21 ans.
En l'absence de sa fiche matricule, nous ignorons pour le moment son parcours militaire.
Nous savons toutefois que sa dernière affectation en tant que matelot sans spécialité est sur le dragueur de mines "Marguerite" dont le port d'attache se trouve à Toulon (Var)
probablement un chalutier, comme celui-ci, transformé à des fins militaires en dragueur
extrait du "Petit Var" en septembre 1918
Son acte de décès est probablement inscrit sur le registre d'état-civil de la commune de Saint Mandrier (Var) et n'a pas été retranscrit sur les registres de Groix.
Après de multiples démarches de sa famille la mention "Mort pour la France" lui est attribuée le 22 novembre 1933
Cette mention sera transcrite le 16 février 1935.
L'épidémie de "grippe" espagnole" sévit à Toulon depuis la mi-août 1918 avec un pic en septembre octobre, les marins atteint sont regroupés à l'hôpital maritime de Saint-Mandrier. Les études montrent que ce sont plutôt des hommes jeunes qui sont touchés et que le délai moyen entre la détection de la maladie et le décès est de quinze jours.
On peut estimer que Maurice Joachim STÉPHANT est entré à l'hôpital vers le 15 décembre1918. malgré les soins, il décède selon les médecins militaire d'une grippe et de congestion pulmonaire, le 1 janvier 1919.
Il avait 25 ans et 6 mois, et il était célibataire.
Globalement, l’épidémie de grippe "dite espagnole"
aurait fait entre 15 et 20 millions de morts dans le monde pour 1 milliard de personnes atteintes. En France, on compte selon les sources entre 210 000 et 300 000 morts civils et de 30 000 aux
armées. On sait que le responsable de cette pandémie est un virus apparenté H1N1 dont le cas 0 en France serait un militaire américain
La situation géographique de la ville l’a mise au cours des quatre années de la guerre à distance de la zone des armées. Mais Toulon n’échappe cependant pas au conflit. En effet, la ville (plus de 100 000 habitants en 1911) est une importante base navale, une ville de garnison, un centre industriel travaillant pour la Marine et la Guerre. La cité accueille des troupes en transit, reçoit des soldats et marins dans ses hôpitaux et soutient l’Armée d’Orient dont les blessés et malades sont rapatriés par les navires hôpitaux. Un brassage perpétuel de population favorable à la propagation des épidémies de toutes sortes. L’assainissement de Toulon, son alimentation en eau potable n’ont pu être menés à bien. La ville est toujours enserrée dans un périmètre étroit malgré l’agrandissement réalisé sous Napoléon
Le camp retranché8, soumis à l’état de siège, impose des contraintes importantes aux Toulonnais dont un couvre-feu de minuit à quatre heures du matin avec fermeture des portes de la ville. La ville dispose de plusieurs hôpitaux permanents dont l’Hôtel-Dieu, l’hôpital maritime Sainte-Anne sur les hauteurs de la ville, l’hôpital maritime de Saint-Mandrier sur le versant sud de la rade, et de nombreux hôpitaux complémentaires, auxiliaires ou bénévoles. Le corps médical civil est d’effectif réduit suite à
la mobilisation et les médecins de la Marine et de la garnison assurent le service médical des hôpitaux, des navires et de la place.
La cinétique de la propagation est différente de celle du pays. Les statistiques épidémiologiques à Toulon, celles de la Marine ou du bureau
d’hygiène de la ville, on s’aperçoit que la ville a été épargnée par l’épidémie du printemps 1918. La grippe n’apparaît sur les registres que le 17 août 1918 par la mention du décès du matelot David François, 18 ans, à l’hôpital maritime de Saint-Mandrier. La première vague épidémique va se poursuivre de septembre à décembre 1918 et reprendra en février/ mars 1919.
extrait du "Petit Var" en septembre 1918